(1977. FR. : Les démons de la nuit. ITA. : Shock.
Vu en VF…)
Après le suicide de son mari, héroïnomane notoire, Dora (Daria Nicolodi), sous le choc, se retrouve internée… A sa sortie, avec son nouveau mari Bruno (John Steiner), ils reviennent vivre dans son ancienne maison avec son fils Marco, encore enfant. Pilote de ligne, Bruno n’est guère présent, et Dora s’occupe seul de son fils qui semble particulièrement lui en vouloir ….
Dernier film du grand artisan du Bis italien, et inventeur du giallo, Mario Bava, Shock est loin d’être son meilleur. Toutefois, il mérite mieux que la réputation peu flatteuse qui lui est souvent attribuée : un film sans idées pompant les films en vogue (L’exorciste et La malédiction notamment), un réalisateur amoindri laissant le boulot au fiston Lamberto… Si ces griefs sont en partie fondés, Shock n’en demeure pas moins un thriller horrifique des plus efficaces et vaut le coup d’œil ne serait-ce que pour admirer la superbe interprétation de Daria Nicolodi.
La situation a d’ailleurs de quoi faire sourire : le père fondateur du giallo allant piquer la femme de Dario Argento, nouveau maître du genre, pour lui faire subir les pires sévices et prendre un malin plaisir à la terrifier et la faire crier durant 90 minutes ! Découverte pour ma part dans Profondo rosso (Les frissons de l’angoisse), qui scella l’histoire entre Dario et Daria, Daria Nicolodi (vu aussi dans La propriété ce n’est plus le vol de Petri) reste une actrice relativement rare. Clairement, elle est ici extraordinaire, portant le film sur ses frêles épaules, LA plus-value du film sans aucun doute, le rôle de sa vie selon de nombreux observateurs.
Mère-fils, de l’amour à la haine
Certes le long-métrage est fauché, se déroulant principalement dans la maison familiale, qui d’ailleurs n’a rien d’une maison hantée, étant au contraire plutôt moderne et très claire. Certes, Bava écule les artifices (les meubles vivants feront songer à une scène géniale de Evil dead 2), se réfère à lui-même (quelques réminiscences du troisième sketch de Les trois visages de la peur) et à d’autres films (le gamin c’est le Damien tout craché de Richard Donner. Toutefois si le mur en briques de la cave nous emmène indubitablement vers Amytiville, notons que le film américain est sorti… deux ans plus tard).
Mais en circonscrivant son histoire au strict nécessaire (une maison, une famille, un terrible secret, un enfant « bizarre »), Bava nous plonge dans le Bad-trip de son héroïne et aucune influence extérieure ne pourra la sauver… Ni même un professeur bien gentil mais un peu à côté de la plaque joué par Ivan Rassimov (L’étrange vice de Mme Wardh, Section de choc, Django ne prie pas). Et encore moins ce cher John Steiner (Tepepa, La police est au service du citoyen ?, Caligula), très bon en mari aimant et sans reproche, enfin quoique.
Le gamin, David Collins Jr., n’est pas si mauvais, mais demeure le point faible comme souvent avec les enfants au cinéma, parvenant tout de même à nous faire bien flipper malgré sa bouille d’ange. Ses incantations auprès de la balançoire ou sa perversité œdipienne et son attirance envers sa mère auront de quoi nous laisser perplexe. D’ailleurs ce sujet d’inceste, bien que peu exploité, est l’un des points forts du récit tendant à enfermer un peu plus Daria dans sa folie, dans un rapport contre-nature de défiance envers sa progéniture.
Porté par une BO de qualité signée par la groupe de rock progressif italien Libra, dont fait partie Maurizio Guarini claviériste membre des Goblin (nouveau clin d’œil à Argento ?!), ce Shock reste un film très divertissant à regarder, à la frontière de plusieurs genres (thriller, horreur, giallo), allant à l’essentiel grâce à ses moyens mesurés, notamment dans un final d’anthologie. Une très agréable surprise pour ma part !
La BO : https://www.youtube.com/watch?v=xK1SXoD6gZM