Une suite qui a compris qu'il n'y avait déjà plus rien à dire dans cette histoire (à part un soupçon d'origin-story du Mal, plutôt bienvenu puisqu'on ne nous avait rien expliqué dans le premier film), alors elle se lance dans une version comique. C'est assez inattendu, mais c'est loin d'être une idée bête, puisqu'on revoit la même histoire (on reprend un gamin du village, et on remet le couvert à peine huit ans après les événements de Gatlin : on ne peut pas quitter des yeux les bouseux deux minutes, ils recommencent !) mais avec un ton décalé qui nous empêche d'y trouver de l'ennui. On aime particulièrement la scène où une mamie perd le contrôle de son fauteuil roulant électrique, téléguidé à distance par un des sales gosses, et qui lui fait traverser (en tremplin) la vitre de la salle des fêtes où se jouait un bingo, et évidemment (comme c'est fait sur le ton de la blague) il y a un gars qui se lève, non pas pour aller aider la mamie défenestrée, mais pour faire valoir son "bingo !". C'est d'un cynisme monstre, et ça fonctionne très bien. Ajoutez à cela une histoire du Mal qui se défend bien :
les adultes ont appauvri les sols, pollué, trop tiré sur les ressources de la Terre (et surtout le champ de maïs du village), par pure fainéantise de devoir réfléchir à une écologie durable pour leurs gosses (les sacrifiant par anticipation), alors la Terre s'est vengée, aidée desdits gosses. Voici comment les esprits de la Terre (indienne, et sacrée : du Stephen King quoi) se sont mis à influencer mentalement les gamins, par le biais d'un Messie possédé (avant, Isaac, et dans cet opus, Micah), qui doit convaincre les autres enfants de le suivre dans sa quête vengeresse.
Honnêtement, cette histoire est loin de dénoter autant pour l'intrigue du film (cela explique bien l'ensemble, et répond à toutes les questions qu'on se posait dans le premier film) que pour du Stephen King (on n'a pas lu le roman, donc on ignore si le contexte du Mal est identique, mais cette version regroupe tous les clichés de l'auteur, alors ça ne choque pas). Children of the corn 2 n'est pas la suite sans âme qu'on craignait, d'une part car elle a compris qu'il fallait innover pour survivre (donc de devenir une comédie d'horreur à l'humour grinçant), et grappiller les miettes de ce qui n'a pas encore été dit (les origines du Mal), un double-effort qui en fait assurément la suite la plus respectueuse de son spectateur (contrairement à toutes celles qui vont suivre, qui vous prennent pour un gogo prêt à regarder exactement le même film neuf fois d'affilée...). Sortez le popcorn, et bon film.