Les Dents de la mer par ngc111
Les Dents de la mer est un film marquant ; mais pas marquant dans le sens quelque peu galvaudé du terme, celui que l'on applique à quantité de films qui nous ont troublé ou touchés ; marquant au fer rouge, un film qui a une incidence directe sur votre vie. En l'occurrence le film de Spielberg a traumatisé des milliers de baigneurs, leur faisant ressentir une appréhension exagérée dés qu'ils commençaient à s'éloigner du bord de plage pour s'aventurer dans des eaux plus profondes. Ce qui pourrait d'ailleurs être reproché au réalisateur, nous faisant "découvrir" un animal sous les traits d'une machine à tuer, impitoyable, avec presque des tendances à la persécution et un comportement se rapprochant du plus abominable des serial killers !
Qu'en est-il aujourd'hui ? On revoit les Dents de la mer après avoir subi des suites détériorant à grande vitesse la qualité de l'opus originel, des clones tous plus grand guignolesques les uns que les autres et puis heureusement quelques nouvelles expériences intéressantes, moins sanglantes mais plus angoissantes comme Open Water ou The Reef.
Alors forcément le film a pris un petit coup de vieux, le requin montre ses défauts, son aspect caoutchouteux, ses proportions bizarres et fait un peu moins peur.
De plus la crédibilité de l'attitude, du comportement du requin paraît moindre aujourd'hui que l'on connaît un peu mieux ces créatures. Et puis il faut avouer que les séquences d'attaques vers la fin sont trop brutales, trop rapides (comme la scène de la cage par exemple) pour recréer la tension que l'on pouvait ressentir à l'époque. The Reef pour parler de lui encore une fois, s'en sort bien mieux à ce niveau là avec une lenteur presque sadique dans la mise en place des attaques.
Mais si à l'époque Les Dents de la Mer ont autant fasciné et auraient mérité un ou deux points de plus pour sa note, c'est parce qu'il y a beaucoup de qualité dans sa réalisation, et surtout dans la composition des personnages.
La famille Brody arrive à intéresser le spectateur, tout autant que le requin, et ne se fait finalement pas voler la vedette par l'animal. Les inquiétudes concernant les enfants, la difficulté à s'adapter à leur nouveau lieu d'habitation, les problèmes d'autorité du chef vis à vis du maire... tout se met en place et forme un ciment qui sert de base au film. Mieux, d'autres personnages viennent se greffer au résultat avec un grand bonheur comme l'océanologue et le pêcheur qui formeront avec le chef Brody un trio mémorable, entre antipathies du début (dues notamment aux différences d'origines sociales) et franche camaraderie vers la fin.
Pour cela le film de Spielberg reste une leçon à tous les réalisateurs, scénaristes et autres ayant eu l'idée de faire un "film de requins" où, bien souvent, l'on se retrouve avec des potiches décérébrées, des stéréotypes de personnages et surtout une sauce qui ne prend pas avec des requins qui prennent toute la place... sans être forcément convaincants par ailleurs.
Au final si le film a un peu vieilli cela ne l'empêche pas d'être plusieurs crans au-dessus de la concurrence pourtant plus récente, et ce sur bien des points !