Les quenottes sous-marines sont éternelles
Comment un film sorti il y a presque quarante ans, avec des effets spéciaux en bois et un sujet qui tient en une phrase (un requin gigantesque sème la terreur dans les eaux d'une petite ville américaine), peut-il être encore aussi impressionnant et efficace aujourd'hui, avec tous les progrès techniques réalisés depuis lors ?
Réponses à choix multiples, cochez toutes les cases :
- Un scénario en béton armé du début à la fin
- Des dialogues brillants, voire inoubliables ("On va avoir besoin d'un plus gros bateau...")
- Des acteurs pas forcément célèbres, même à l'époque, mais tous au top et tous au diapason les uns des autres, chacun dans son style propre
- Une musique exceptionnelle, dont un thème de deux notes qui arrache des frissons de terreur pure à chaque fois qu'il retentit
- Une mise en scène dont l'intelligence sidérante compense l'absence de moyens et les déficiences de la technique par un art de la suggestion confondant de subtilité...
...et je pourrais sûrement continuer longtemps comme cela, si un certain sens de la retenue, et l'heure déjà avancée de la nuit tandis que je rédige cette note, ne me poussaient à m'arrêter là.
Que dire de plus ? Je ne suis pas un amateur de films d'horreur, du reste "Les Dents de la Mer" sont bien plus que cela. D'effets gore, il y en a finalement assez peu, et toujours à bon escient (bon, la fin tache un peu, certes).
Spielberg, qui n'avait pas encore trente ans, avait déjà compris l'essentiel : le plus important dans un film, c'est l'histoire, pas les moyens avec lesquels on la raconte, et surtout pas les artifices derrière lesquelles on risque parfois de la faire disparaître. Une leçon qu'il oubliera parfois ("1941", "Le Monde Perdu") mais dont il se souviendra toujours quand il le faudra, pour signer ses meilleurs films. Pas la peine de chercher bien loin, qu'ils aient ou non des gros budgets, ils sont tous dans les premières places de ce classement !