Une découverte (d)étonnante:
Je vais vous faire un aveu, je n’avais jamais vu les dents de la mer. Il y a toujours des films cultes qu’on doit voir et qui par manque de temps ou d’envie finissent aux oubliettes. J’ai profité de la réédition « de la mort qui tue » du film pour le voir dans les meilleures conditions possibles.
Evidemment, il y a toujours une certaine appréhension de trouver le film à chier alors qu’il est adulé par une immense majorité de cinéphile mais il ne m’a fallu pas bien longtemps pour comprendre l’engouement. Le début du film est certes classique première attaque, réaction de l’autorité en place et la volonté de faire du pognon qui prend le dessus. Mais déjà contrairement aux films du genre l’apparition du requin est parfaitement géré, il n’est que très peu visible ce qui augmente l’angoisse autour du phénomène. La photographie est aussi superbe et la qualité du blu ray la valorise fortement (même si on a parfois un peu de gros et 2/3 incrust un peu foireuse, c’est très haut de gamme). Une fois la première partie du film (après le retour à la réalité du maire en gros), c’est là que les choses sérieuses commencent : La chasse du grand blanc. Je fus franchement surpris que cette partie représente la moitié (les 2/3 ?) du film. Dans ce genre de métrage, on a souvent une répétition des attaques et en conclusion l’abattage des monstres mais là pas du tout ce qu’on fantasme sur le papier est à l’écran. Une pure partie de chasse en plein mer. Évidemment l’intensité du film augmente et en plus l’alchimie entre les personnages fonctionne du tonnerre. Le shérif courageux mais phobique, le scientifique qui doit faire ses preuve et le vieux loup de mer (une sorte de capitaine Achab ricain). L’évolution de la relation entre Quint et Hooper est bien foutue, de la haine, au respect en passant par une certaine forme d’amitié (l’anecdote sur la livraison de la bombe est glaçante), pour un film de genre ça en impose.
Pour en revenir à la chasse en elle-même, ce que j’ai aimé c’est l’intelligence des personnages et donc de l’écriture. Il évite les écueils pourtant inhérent au genre, des réactions stupides et suicidaires ou des événements qui plombent le scénario. (Vous ne verrez pas Brody faire la bronzette en matant des bombasses à moitié nues). On est là pour tuer un requin et les péripéties et les différentes attaques sont d’une puissance jamais atteintes dans un film de monstre marin. Quand Brody balance les poissons morts et qu’on voit que la gueule du requin à la même largueur que celle du bateau cte classe ! Autre scène ou on sent la maitrise de Spielberg c’est lorsque le requin commence à mordre, filmer une canne à pèche et rendre ça intéressant c’est beau. Et puis évidemment on a le final avec la mort héroïque de Quint qui savate le requin à coup de machette alors qu’il est entrain de se faire bouffer, c’est sanguinaire tout en restant malin. Avec ce soupçon d’hommage à Moby Dick j’apprécie.
Techniquement ça n’a pas pris une ride, je n’ai pas vu le film avant la restauration mais c’est vraiment un des films qui vont rend heureux d’avoir un lecteur blu ray. Notamment la gestion de la lumière la nuit ou le levé du soleil sont juste superbe. On n’a pas cette impression de "délavé" qu’on retrouve souvent sur certain vieux film. Je suis moins convaincu par le son j’ai écouté la VF original et ça grésille un peu dès qu’on pousse le son. Dommage. J’avais lu aussi que le requin faisait toc, moi je trouve qu’il est très réussi mais ça doit être le génie de Spielberg de minimiser ses apparitions pour les rendre inoubliables
Par contre je ne suis pas super fan de la bo en dehors du thême du requin le reste, je trouve ça trop « gentil » et pas assez angoissant.
Un film culte sans équivalent dans le domaine du film de monstre marin.