Voilà un film bien curieux, qui est d'ailleurs le seul réalisé par Daniel Gélin, où il a d'ailleurs coécrit le script et joué le rôle principal. Il incarne un jeune journaliste, qui quitte son Montpellier natal pour travailler dans un quotidien sur Lyon, et l'ambition aidant, il va comme on disait autrefois monter sur Paris afin de poursuivre sa carrière, alors qu'il a rencontré le grand amour, qui lui donnera un enfant...
Les dents longues, titre bien choisi, est le portait d'un ambitieux, pour qui Lyon ne suffit pas. Il est incarné par Daniel Gélin, que je trouve un peu fade pour le rôle, et dont l'omniprésence à l'écran est symptomatique de bien des premiers films d'acteurs, qui se regardent sans arrêt. Il est tellement là qu'il en écrase la pauvre Danielle Delorme, alors son épouse à la ville, et un acteur comme Louis Seignier. D'ailleurs, c'est l'un des (très) nombreux petits rôles de Louis De Funès, qui incarne un imprimeur, qu'on voit durant trente secondes, mais qui impose un personnage en seulement trois répliques.
Honnêtement, le sujet est intéressant, car l'ambition du personnage de Gélin n'est pas sans conséquences sur sa vie professionnelle et familiale, mais le journalisme n'est quasiment pas traité, on ne sent pas un quelconque travail sur la mise en scène, un comble pour une histoire se passant en partie sur Lyon, où le passage des années s'exprime uniquement par la moustache du journaliste et ça reste au final extrêmement moralisateur.
On se sent comme la pauvre Danielle Delorme : extrêmement gêné d'être là, et Daniel Gélin ne tournera pas d'autre film...