Les derniers jours de Yeshua (Jésus) dans le désert avant sa crucifixion, ses remises en question, les épreuves qu'il s'impose, les dilemmes auxquels il est confronté... Last Days in the Desert est une allégorie biblique filmée entièrement dans le désert (celui d'Anza-Borrego, Californie), avec pour personnage principal un Yeshua incarné par un Ewan McGregor buriné par le soleil. Tenté par une figure démoniaque (interprétée par McGregor, toujours), et poussé par ses propres sentiments, Yeshua est défié de résoudre les problèmes d'une famille de trois personnes, un père sévère, un fils rêveur, et une mère mourante. Comme un rite de passage pour savoir s'il sera en mesure de régler les problèmes du reste du monde, Last Days in the Desert est tel un récit d'initiation dont nous connaîtrions déjà l'issue. Ces hommes, avec leurs désirs, leurs peurs, leurs doutes et leurs faiblesses, est-ce vraiment possible de tous les contenter ?
C'est un 6.5 que j'aurais attribué à ce film si SensCritique me l'avait permis. Quelques points positifs pour le casting, pour le thème, pour l'économie du discours. Quelques points encore pour les blagues potaches paganisant le discours biblique induit par le thème, pour cette mise à distance par rapport à la mort, à la foi, à la filiation paternelle. Pour la beauté des images — c'est Lubezki (Les fils de l'homme, Gravity, Birdman, etc.) derrière la caméra. Quelques points négatifs au contraire pour ce Lucifer ressemblant vaguement à un pirate échoué, pour cette figure maternelle terriblement énigmatique sans que jamais ne soient récoltés les fruits de ce mystère, pour les longs moments où rien ne se passe, permettant à mes voisins de salle obscure de s'endormir (et de ronfler, les mufles), de parler, ou de soupirer. Des points en moins, enfin, pour cet os que García nous donne à ronger tout en reculant précautionneusement, comme effrayé de se faire mordre par le caractère polémique de son propre travail. À force de précaution, il a perdu quelques spectateurs.. J'en suis sortie contente d'avoir tenu jusqu'à la fin.
So, "How far can a man walk into the desert?"
"Halfway. After that, he's walking out of it."