Au cœur d'Il était une seconde fois, l'une des prémisses les plus prometteuses du paysage télévisuel français de ces dernières années. Un homme reçoit par erreur un cube lui permettant de retourner six mois en arrière, auprès de l'ex-petite amie qu'il aurait aimé ne jamais avoir perdue. Un conte fantastique à la Baudelaire qui aurait pu — si le récit ne souffrait pas autant des clichés dont il déborde — devenir une pépite bien de notre siècle. Pourtant, l'amour, les femmes, le sexe, la diversité, la dépression, l'amitié, la drogue et l'infidélité, sont autant de concepts que Guillaume Nicloux et Nathalie Leuthreau dépeignent avec tant de non-sens et de lieux communs que l'on en vient à se demander s'ils vivent eux-mêmes dans la réalité.
L'amour d'abord, qui se voudrait éternel et passionné, si intense qu'il transcende les quatre mois de rupture durant lesquels Vincent Dauda, notre personnage principal, aurait dû faire le deuil de son ex. Cet amour laisse le spectateur de marbre. Louise, incarnée par la très fade Freya Mavor est si détestable, si inconstante, et si constamment en colère qu'il est difficile de comprendre ce que cet amour a de si beau. Enfant de riches délaissée par son père et malmenée par sa mère alcoolique, Louise se voudrait cynique et libérée, mais devient au fil des épisodes un personnage agaçant et creux que l'on aimerait voir rester dans le passé. Mais Louise n'est pas le seul personnage féminin à souffrir d'un manque de profondeur. Sa mère, sa meilleure amie Brenda, la jeune fugueuse qu'elle héberge, l'ex-copine (et mère du fils) de Vincent, la psychologue de ce dernier... Toutes les femmes d'Il était une seconde fois sont unidimensionnelles, souvent nymphomanes, cyniques et creuses, rendant quasiment impossible de s'identifier à elles. La nudité (surtout celle de Louise) est si inutilement présente qu'elle en devient embarrassante. Le sexe, qui, si l'on en croit Louise, est la seule raison pour laquelle elle accepte de fréquenter Vincent, est un mécanisme de vengeance, une source de regrets, un passe-temps contre l'ennui, mais jamais vraiment la source de plaisir qu'il est pourtant dans la réalité.
Les personnages secondaires de cette mini-série ne sont pas en reste côté clichés. Entre un livreur lourdingue, un collègue prenant les blagues ignorantes de Vincent à la légère ("Mon vieux, la Chine et le Vietnam, c'est pas pareil, hon hon hon"), un patron ouvertement — et inutilement — raciste (une blague sur les boat people en 2019, qui dit mieux ?), un coach sportif d'origine arable, traité comme un objet sexuel ("Il gère l'Arabe"), cette série brosse les spectateurs un tant soit peu woke et politiquement/socialement conscients dans le mauvais sens du poil. Imaginez ce qu'elle fait aux spectateurs issus de la diversité. La maladie mentale, quant à elle, laisse un sentiment mitigé. D'un côté, le frère de Vincent, atteint de schizophrénie, est un personnage intéressant et surprenant, et de l'autre, la dépression est dépeinte sans nuances, provoquant des tentatives de suicide dignes d'un vaudeville. Même la prestation de Gaspard Ulliel ne parvient pas à sauver Il était une seconde fois des lourdeurs dont elle est accablée. Une série à oublier, donc. Une seule fois, c'est amplement suffisant.