Youpie ! Guillaume Nicloux a réinventé le fil à couper le beurre ! Ou plutôt la machine à remonter le temps ! Déjà au début des années 60, le "Mickey" de la BD (le journal hebdomadaire de Walt Disney) changeait de siècle lorsqu'il recevait l un coup sur la tête... ce qui permettait aux jeunes lecteurs de découvrir les hommes et évènements célèbres de notre " Histoire de France" (avec un H majuscule) bien plus agréablement qu'au travers des manuels scolaires ... Mais avait-il pour autant la possibilité d'intervenir sur le déroulement des évènements ? A-t-il aidé Louis XVI à échapper à la guillotine ?
Avant Nicloux, bien d'autres ont exploité le filon de refaire l'histoire... Notamment en faisant traverser à leurs héros un miroir, l'autre côté leur réservant des surprises et à nous aussi...
Ici, le réalisateur a choisi la traversée d'un cube sur-nalturel... Ce qui est à l'instar du film, complètement loufoque : ça oblige en effet les candidats au voyage vers l'au-delà, à ramper tel un ver de terre, et à multiplier les contorsions pour se glisser dans le cercueil cubique ! On a vu plus gracieux et esthétique en matière d'image cinématographique... Mais, bon...
Le plus pénible dans cette affaire rocambolesque est que Nicloux a cru son talent de réalisateur-scénariste si abouti qu'il nous impose avec sa co-rédactrice Nathalie Leuthreau, pas moins de 320 mn d'un récit lymphatique qui part dans tous les sens, et dont le suivi devient rapidement pénible à force de flash-back : une espèce de labyrinthe intello où l'on est tellement perdus qu'on ne cherche plus à comprendre et qu'on attend que ça se passe avant de trouver la sortie !
Justement parlons-en de cette issue, ou plutôt de la fin de cette aventure abracadabrante : elle est tellement nulle qu'on se sent floués d'avoir résisté jusqu'alors à l'endormissement, intellectuel ou physique.
Dommage : au format de 95 mn , cette aventure sordide eut pu être intéressante mais ça s'éternise tellement qu'on a envie de pénétrer dans le même cube pour faire comme si on n'avait jamais commencé à regarder cette non-aventure pénible à la longue...
Pendant la projection, je me suis surpris à comparer ce feuilleton à une astuce de fabrication utilisée dans l'industrie du textile : une roublardise consistait en effet pour générer des économies de tissage, à placer une pièce de tissu dans une machine "extensoir" comme si l'on eut tendu une toile à peindre, puis de l'étirer jusqu'à limite de déchirure pour en multiplier le métrage, et partant, le prix de vente !
Evidemment, le tissu ainsi traité et qui pouvait aller jusqu'à doubler de surface sinon plus, générait de substantiels bénéfices mais au grand détriment de sa qualité...
Bref, comme cette histoire : tout y est étiré ce qui finit par lui enlever tout attrait...
Ah si un quand même : le jeu de Gaspard Ulliel, tout en sobriété et qui vit son personnage. Il a bien du mérite avec un rôle pareil car la prestation n'était pas gagnée d'avance. Je ne dirai pas autant de bien, malgré tout le battage fait autour d'elle, de Freya Mavor dont la sincérité de jeu ne m'a pas convaincu une seconde : manque de naturel et de conviction, elle ne fait pas le poids face à son partenaire...
En résumé, je ne reverrai pas et il n'y aura pas de seconde fois !
Arte le 29.08.2019