Disons-le tout de suite, la réalisation formelle de cette comédie amère est une réussite. Fin des éloges. Car le réalisateur qui a fait un si bon travail derrière la caméra,  nous a pondu en fait de scénario un vrai gloubiboulga indigeste dont la recette est la suivante:
1) prenez comme argument de base un peu de "Cramponne-toi Jerry" (film dans lequel Jerry Lewis décide de vivre sa vie à 400 à l'heure après avoir appris qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps à passer sur Terre).
2) incorporez-y une dose d'insolence et de cynisme à la "Fight Club" (notamment lors de la scène du cercle de discussion des pauvres cancéreux, et celle du chantage);
3) étalez le tout sur une tranche pas trop épaisse de "Cercle des poètes disparus" (dont les éléments essentiels sont repris: professeur désormais "hors norme" au sein d'une institution vénérable aux allures de château écossais et surtout, surtout l'irritant leitmotiv en filigrane : CARPE DIEM).


Et voilà ! Il n'en faut pas davantage, et en un tournemain, vous disposez d'une œuvre totalement superficielle qui fera bader d'aise les "nés d'hier" mais qui n'apportera rien à personne de sensé. Car l'histoire est celle d'un type qui part à la dérive d'un bout à l'autre du film, ce qui passera aux yeux des naïfs comme une "émancipation à l'égard des conventions sociales", or est-ce là une victoire ou plutôt une longue agonie ? Car les "conventions sociales" ne sont-elle pas précisément ce qui permet à une Société composée de millions d'individus de coexister à peu près pacifiquement, à charge dans le même temps pour chacun de se construire une existence dans la sincérité et la vérité des rapports humains ? On ne saurait raisonnablement tout mettre sur le dos de la Société... enfin, dans ce film, on ose justement, on se complaît dans le spectacle de l'irresponsabilité élevée au rang de la libération d'un Spartacus.
Comme quasiment toutes les œuvres empreintes de nihilisme militant, voilà un triste ragoût pire que pathétique: proprement insignifiant.


Note: je vous invite à vous reporter à ce qu'on dit de la "réception" de ce film, sur la page qui lui a été dédiée sur Wikipedia, c'est assez parlant, si mon avis ne vous suffit pas : https://en.wikipedia.org/wiki/The_Professor_(2018_film)#Reception

StanAuJapon
2
Écrit par

Créée

le 11 sept. 2019

Critique lue 1.6K fois

9 j'aime

StanAuJapon

Écrit par

Critique lue 1.6K fois

9

D'autres avis sur Les Derniers Jours de Monsieur Brown

Les Derniers Jours de Monsieur Brown
Gandalf13
8

Touchant professeur

Ou comment nous rappeler que Johnny Depp peut etre un excellent acteur, dégagé de tous artifices ou cabotineries dont il a un peut trop abusé ces dernières années. Certains trouveront les dialogues...

le 19 avr. 2020

9 j'aime

7

Les Derniers Jours de Monsieur Brown
StanAuJapon
2

Plantage - presque - total !

Disons-le tout de suite, la réalisation formelle de cette comédie amère est une réussite. Fin des éloges. Car le réalisateur qui a fait un si bon travail derrière la caméra,  nous a pondu en...

le 11 sept. 2019

9 j'aime

Les Derniers Jours de Monsieur Brown
Val_Cancun
5

Before I disappear

Après avoir entendu quelques échos positifs à propos du deuxième long-métrage de Wayne Roberts (après "Katie says Goodbye", et en attendant le troisième volet de ce qui se veut une trilogie), je me...

le 3 juil. 2019

6 j'aime

Du même critique

Les Derniers Jours de Monsieur Brown
StanAuJapon
2

Plantage - presque - total !

Disons-le tout de suite, la réalisation formelle de cette comédie amère est une réussite. Fin des éloges. Car le réalisateur qui a fait un si bon travail derrière la caméra,  nous a pondu en...

le 11 sept. 2019

9 j'aime

Le Tunnel
StanAuJapon
2

A (ne pas) voir une fois puis à oublier (rapidement)

Ceux qui s'attendraient à retrouver dans ce film une sorte de "Daylight" (excellent film de 1996 avec Sylvester Stallone) seront vite déçus. Car une fois encore pour une production post-2017, c'est...

le 16 sept. 2020

8 j'aime

2

Traîné sur le bitume
StanAuJapon
1

Nullissime !

Film sans rythme, dialogues d'une puérilité absolue au point que j'ai cru qu'ils étaient le fruit de l'imagination sans originalité d'un gamin de 13 ans. Mel Gibson nous déçoit comme beaucoup...

le 2 mai 2019

7 j'aime

9