Bref résumé: au départ c'est Jules et Jim au Névada, puis arrive un troisième larron, Montgomery Clift. C'était déjà pas simple la vie à trois mais avec l'arrivé d'un troisième prétendant pour Marilyn....Le tout dans un paysage désertique et sauvage.
Vu comme ça, on sent bien qu'on est pas parti pour 2 heures d'aventure et d'action! Oui, The Misfits est un film trés bavard (Arthur Miller au scénario), mais quel film!!!!
Des dialogues modernes et une morale loin d'être politiquement correcte pour l'époque font de ce film un grand classique.
Voilà 10 raisons de voir ce film:

1) Pour Marilyn Monroe
Et oui, n'en déplaise à certains, avant d'être une bombe sexuelle, fantasme bien en chair pour les hommes, Monroe est d'abord une actrice magnifique. A la fois naïve, douce, triste, mélancolique, hystérique, elle incarne magistralement une Roslyn désenchantée par ses rapports aux hommes (et au genre humain en général) et par le décalage qu'il existe entre elle et le monde qui l'entoure. Dans certaines scène elle est là sans vraiment être là, avec des airs de femme-enfant perdue dans son propre monde. Touchant. Elle est sublime dans l'un de ses plus beaux rôles.

2) Pour Eli Wallach
Sur l'affiche, il n'y en a que pour Gable et Clift. Et le Tuco ("Le bon, la brute et le truand"), c'est de la merde peut être? Je le trouve génial, cabotinant dans la première partie du film sous ses airs de bon et joyeux gars, assez timide et moins habile que son séducteur d'amis Gay pour envouter Marilyn, puis laissant apparaître une face plus sombre dans la deuxième partie (notamment quand Roslyn lui dit ses quatre vérités dans le camion). J'adore la scène de danse dans la maison de Guido. Superbe acteur.

3) Pour les autres
Bien que n'étant pas un grand fan de Gable, je reconnaît qu'il s'en tire bien dans ce rôle de "vieux beau", cowboy fatigué incapable de faire un croix sur le mythe de l'ouest (et donc inadapté à la vie moderne), voulant à tout pris continuer à vivre son rêve de liberté, quitte à se mentir à lui même.
Clift n'est pas mal non plus, cherchant à oublier son mal être et l'absence de cellule familiale en fonçant tête baissée dans le rodéo quitte à en mourir.
Mention spéciale à Thelma Ritter, Isabelle, logeuse et amie de Roslyn, qui amène une dose d'humour mais aussi un certain cynisme vis à vis du mariage.

4) Pour la déclaration d'amour perverse de Miller à Marylin
Miller et Monroe sont en pleine période de divorce, et Arthur, comme cadeau de rupture lui écrit son plus beau rôle. Un rôle superbement écrit pour elle par quelqu'un qui connait parfaitement ses failles et faiblesses intimes. Marilyn va lui servir de matière première. Ainsi Marilyn est Roslyn, ce qui ne va pas contribuer à calmer l'esprit déjà bien tourmenté de l'actrice.

5) Pour la déclaration d'amour filmique de Huston à Marilyn
Hudson ne cesse de mettre Marilyn en valeur (faut dire qu'il y à déjà une bonne base) en la filmant sous toutes les coutures et la magnifie : gros plans sur ses fesses quand elle monte à cheval, gros plan sur son visage d'ange, la partie de Jokari où Marylin sensuelle mais aussi heureuse comme une enfant (peut être la seule scène où Roslyn est vraiment heureuse sans arrière pensée, elle s'éclate quoi, charme interrompu par une grossière main aux fesses, fin de l'innocence....), la collection de photos sur la porte de l'armoire, sa sortie de l'eau en bikini.....

6) Pour le thème de la solitude
Ne pas se fier aux apparences, ce film de bande est avant tout l'histoire de 4 solitudes:
- Roslyn peut faire tourner la tête de n'importe quel homme, elle n'est pas dupe de l'effet qu'elle provoque et sait en jouer sans tomber dans le genre fille facile, mais elle ne possède qu'une seule véritable amie (Isabelle, qui pourait être sa mère) et souffre de la mort de sa mère et de l'absence de son père.
-Gay grand séducteur, s'accroche désespérément à son rêve de liberté mais souffre de ne pas voir ses enfants (relation qu'il passe son temps à idéaliser)
- Guido, jovial et bon compagnon, souffre de la mort de sa femme
- Perce, faisant la fête et se réfugiant dans le rodéo, souffre de ne pas voir sa mère (un ou deux appel téléphonique par ans)
Ces trois hommes vont voir en Marilyn l'espoir de briser cette solitude: une femme pour Gay (et l'envie d'avoir des enfants comme pour réparer les erreurs qu'il à faites avec les siens, une sorte de rédemption), une compagne pour Guido, et une mère pour Perce (voire la scène où il se confie à Marilyn, tel un enfant, la tête posée sur ses genoux et où cette dernière absorbe toute sa détresse; ce qu'elle fait d'ailleurs avec chaque personne qu'elle rencontre, une vraie éponge à sentiments cette Roslyn...)

7) Pour la scène de retour de beuverie
Pas simple à tourner ce genre de scène où il faut faire semblant d'être bien torché. Entre Gay qui ne sait même pas qu'il est arrivé chez Guido et qui se reconcilie avec Roslyn, Guido qui en pleine nuit entreprend de finir comme il peut sa maison, et Perce qui se bat contre son bandage, il reste Marilyn, les voyant se coucher un à un, finissant seule et lançant au ciel un déchirant "Help me".

8) Pour la scène de la capture des Mustangs
Magnifiquement filmée avec des plans sublimes et une grande tension. Il n'en faut pas beaucoup pour que cette belle bande de pote éclate et que tout le monde tape sur tout le monde.
Ce n'est pas l'homme face à la nature, mais l'homme face à lui même et à ses propres contradictions. Il fait sombre, l'endroit est désertique, les hommes doivent lutter contre les chevaux mais aussi contre le discours idéaliste et naïf de Roslyn et les sentiments qu'ils éprouvent pour elle.
Le personnage de Gay prend conscience du faux semblant de son idéal et met un pied dans le monde d'aujourd'hui. Bouleversante la scène ou il lutte seul face à l'étalon.

9) Pour l'aspect testamentaire du film
Clark Gable décède quelques jours après (il était déjà pas super en forme mais quand on voit les cascades avec les chevaux qu'il a réalisées lui même.... non cet homme ne voulait pas mourir), Marilyn le suivra, dans les circonstances que l'on connaît, de quelques mois après une polémique sur son comportement envers Clark sur le tournage. Idem pour Montgomery en 1966.

10) Pour la fin
Après 2 heures de pessimisme, une lueur d'espoir apparaît enfin dans la dernière scène. Mais attention, rien n'est acquis et ce n'est pas gagné d'avance, tout cela ne tient qu'a un fil....



Conseillé aux personnes qui aime les acteurs, les vrais. Et ceux pour qui l'introspection ne fait pas peur. Un cinéma qui fait réfléchir en somme...
Déconseillé aux personnes qui aime l'action, l'aventure et les histoires d'amour simples (existent-elles d'ailleurs?)...

Créée

le 17 sept. 2012

Critique lue 2K fois

40 j'aime

6 commentaires

Kowalski

Écrit par

Critique lue 2K fois

40
6

D'autres avis sur Les Désaxés

Les Désaxés
Kowalski
9

Chant du cygne au Nevada

Bref résumé: au départ c'est Jules et Jim au Névada, puis arrive un troisième larron, Montgomery Clift. C'était déjà pas simple la vie à trois mais avec l'arrivé d'un troisième prétendant pour...

le 17 sept. 2012

40 j'aime

6

Les Désaxés
Docteur_Jivago
8

Play Misfits for me

The Misfits représente plus qu'un simple film de John Huston, c'est aussi une oeuvre qui en dit beaucoup sur ceux qui ont travaillé sur ce projet et notamment les acteurs, Clark Gable et Marilyn...

le 2 nov. 2017

31 j'aime

9

Les Désaxés
Before-Sunrise
7

Le Must tangue (il est tard pardonnez-moi)

Après mon second visionnage, je baisse ma note de deux points, tout en gardant mon cœur de recommandation. J'avais en effet un souvenir global du film totalement altéré par les dernières minutes qui...

le 18 mai 2012

25 j'aime

17

Du même critique

Charlie Hebdo
Kowalski
10

Vous allez finir par vous aimer les uns les autres, bordel de merde!

Les avis c'est comme les trous du cul, tout le monde en a un! Et un fois n'est pas coutume, je sors de ma réserve habituelle sur tout sujet concernant l'actualité politique et la marche du monde...

le 8 janv. 2015

137 j'aime

62

Pusher II - Du sang sur les mains
Kowalski
9

Tuer le père!

Deuxième volet de la trilogie, "Du sang sur les mains" arrive à se hisser au niveau de Pusher, ce qui n'était pas une mince affaire. Ce coup-ci, on suit Tony (oui oui, celui qui avait...

le 16 sept. 2012

82 j'aime

16

L'Inspecteur Harry
Kowalski
8

Scorpio , Harry, même combat?!

Le voilà donc, l'objet du délit! Ce film qui, bien aidé par la plume redoutable de la journaliste Pauline Kael, fait passer Eastwood de héros de l'ouest à jeune con violent, réac et même carrément...

le 8 mai 2013

80 j'aime

15