The Misfits représente plus qu'un simple film de John Huston, c'est aussi une oeuvre qui en dit beaucoup sur ceux qui ont travaillé sur ce projet et notamment les acteurs, Clark Gable et Marilyn Monroe ne finiront plus de film ensuite et Montgomery Clift s'enfoncera encore plus dans sa dépression.
Le tournage fut d'ailleurs assez compliqué et sous tension, Gable dira de sa partenaire féminin "She almost killed me" tandis que cette dernière évoque Clift en ces termes : "Il est le seul être qui soit encore plus perdu que moi". En adaptant l'oeuvre d'Arthur Miller, John Huston évoque ici l'histoire d'une belle femme récemment divorcée qui va voir trois hommes tourner autour d'elle où l'amitié se mêlera plus ou moins à des sentiments amoureux.
C'est avant tout une oeuvre crépusculaire que propose le metteur en scène du Faucon Maltais, mettant en avant la fin du mythe de l'Ouest. Il dresse trois portraits psychologiques passionnants et surtout intenses, ambigus et assez tristes, mettant en scène avec brio leurs rapports et évolution. Il évoque la nature humaine, ainsi que la déception ou encore la vieillesse avec un soupçon de mélancolie où quelques courts moments de bonheur viennent s'entremêler à tout cela, ce qu'il maîtrise parfaitement et rend touchant et assez beau, notamment lorsque le pathétique vient se mêler à la poésie.
The Misfits bénéficie aussi d'une très jolie photographie en noir et blanc qu'il sublime régulièrement, notamment grâce à sa parfaite maîtrise de la caméra, tandis qu'il propose un rythme assez lent lui permettant de bien mettre en avant la psychologie des personnages ainsi qu'une ambiance âpre vraiment prenante de bout en bout. Le contexte de l'oeuvre est aussi intéressant, notamment lorsque nos protagonistes ne sont plus en ville et ça aussi, Huston le sublime avec brio.
Ce mélodrame se base avant tout sur les personnages et les interprètes semblent l'avoir bien compris tant ils se montrent convaincants devant la caméra. Marilyn Monroe est aussi sublime que touchante en femme fragile qui va se sentir abandonnée, tandis que le toujours charismatique Clark Gable montre bien les aléas de la vieillesse et que Montgomery Clift, comme Eli Wallach, leur rendent parfaitement bien la réplique.
En mettant en scène The Misfits, John Huston propose une oeuvre aussi âpre que crépusculaire, souvent triste et mélancolique où de formidables comédiens vont donner vie à leur personnage, notamment Clark Gable et Marilyn Monroe dont ce sera la dernière fois qu'on les verra au cinéma.