Pour son premier western (et son premier film en couleurs) la Columbia avait mis les petits plats dans les grands: deux acteurs séduisants (le jeune Glenn Ford face au déjà presque vétéran Randolph Scott et le truculent Guinn "Big Boy" Williams), des dialogues vifs, des décors soignés et une poignée de séquences particulièrement réjouissantes, comme une colossale bagarre de saloon ou un déferlement de chevaux sauvages au milieu de la ville. Malheureusement le scénario se contente d'additionner les poncifs du genre sans la moindre originalité. Résultat: malgré le talent des acteurs (et actrices, Evelyn Keys et Claire Trevor sont délicieuses!) on ne s'intéresse guère à des personnages pareillement stéréotypés. On ne s'ennuie pas pour autant, mais on est loin des petits chefs-d’œuvres de série B que Budd Boetticher (ici assistant réalisateur) tournera à la fin des années 50 avec le même Randolph Scott. Quand à Charles Vidor, il se montrera autrement plus inspiré quatre ans plus tard dans le sublime Gilda avec le même Glenn Ford face à l’inoubliable Rita Hayworth.