Peu après la perle mélodramatique teintée de burlesque "A travers l'orage" se situant au présent, Griffith, sur les conseils de Lillian Gish, décide de remonter le temps en adaptant une pièce de théâtre se déroulant au même moment que la Révolution française. Pour le réalisateur, fan des mises en scène de grands spectacle ("Intolérance" en est sans doute le plus bel exemple), c'est l'occasion de montrer cette période de l'histoire. Comme souvent, il prend son temps, "Les deux orphelines" fait deux heures et demie. Et pourtant, l'arrivée à Paris des deux héroïnes arrive assez vite, alors qu'elles n'étaient simplement venues que pour une opération de chirurgie oculaire, elles se retrouvent confrontés à deux sortes de personnes : le peuple vivant dans la misère et la crasse et les aristocrates et autres comtes, riches, aisés, s'évitant. Louise et Henriette, qui pensaient sans doute rentrer rapidement chez elles, vont être, malgré elles, rapidement séparés : chacune vivant dans un monde radicalement différent au sien. Parallèlement, les manigances politiques vont bon train et bientôt une révolution sera en marche et leurs parcours laisse place au spectacle.
Comme à son habitude, Griffith ne s'est pas privé : bien que la reconstitution de la ville de Paris soit limitée à quelques maisons, plans et intérieurs de demeures cossues, il y aura des centaines de figurants costumés, déchaînés, avec une très grande précision sur les détails : rien ne semble avoir été laissé au hasard. Il faut que le spectateur "vive" ce moment précis de l'Histoire française.
Bien que certaines séquences de danses et de figurants grimaçants soient ridicules, l'ensemble tient debout et passionne.
Et la fin est un peu trop miraculeuse, mais bon.
Lillian Gish, ici, pour la dernière fois sous la direction de son mentor Griffith, signe une performance particulièrement intense, sa sœur Dorothy ne démérite pas non plus.