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Nous sommes donc en 2012 où ce dialogue entre Benoît XVI et le cardinal Bergoglio se déroule, le tout mêlé à quelques flash-back pour contextualiser certains propos. N'essayez pas de chercher un twist final ou une quelconque surprise, le film démarre à l’élection du Pape Benoît XVI et se termine tout naturellement sur l’élection du cardinal Bergoglio en tant que pape François.


Pendant près de deux heures nous suivons un dialogue entre ces deux personnalités fortes, un face à face entre le conservateur et le progressiste, un tête à tête entre deux personnes à la foi profonde et sincère. Et c'est là que ce film est remarquable : il n'est pas là pour donner raison à qui que ce soit.
Il ne vous dit pas quoi penser, il vous donne matière à le faire.


Nous ne sommes pas dans un film à « enjeu », on n’essaye pas de refaire l’Histoire mais on joue avec pour aller rapidement au cœur d’une large réflexion sur la foi, la vie de l’Église, sa place et celle de Dieu dans un monde en constante évolution. Bien que "inspiré de faits réels", on sent que Fernando Meirelles, le réalisateur, a prit beaucoup de liberté dans l’écriture des faits et en a laissé d'autant plus dans l'interprétation de ses acteurs tout en gardant un certain respect envers ces deux hommes d’Églises.


Nos deux protagonistes sont mis en scène dans un huis-clos en perpétuel mouvement allant de la résidence de Castel Gandolfo jusque la chapelle Sixtine. La plupart du temps seuls, ils sont enfermés dans leur discussion comme deux amis hors tu temps en train de refaire le monde. Lorsqu’un personnage secondaire arrive dans le plan, c’est pour les ramener à la réalité, et nous avec.


Anthony Hopkins n'essaye pas d'imiter Benoît XVI, de faire du Benoît XVI ou d'être Benoît XVI. Il donne une interprétation incarnée de son dialogue, il lui donne vie. "Beaucoup trop" diront certains, "une caricature" diront d'autres, mais c'est justement là que ses propos prennent réellement chair à l'image. Lorsqu'il parle on ne se demande pas si l'on est d'accord ou non avec son discours. On ne l’écoute pas pour être convaincu mais parce qu’il est imposant, saisissant, parce que ses prises de paroles sont fortes et parce que l’on a envie de le comprendre. Il nous fait sourire par son comportement, réfléchir par son questionnement et nous émotionne par ce silence qui le hante. Là où Anthony Hopkins nous présente un pape qui semble froid, distant et fermé dans les premières minutes, on découvre rapidement quelqu’un qui porte un fardeau, fatigué mais aussi rempli de tendresse au fur et à mesure que le dialogue avance.


Face à lui, Jonathan Pryce, trop connus pour ses rôles secondaires au détriment de ses grands rôles (pour la plupart sous la direction de Terry Gilliams), est ici dans un rôle qui lui convient à la perfection. Déjà parce qu'il est un sosie presque parfait du pape François, chose qu'Internet avait comprise bien avant l'a mise en production de ce film et ensuite parce que cette ressemblance fait partie des éléments de l’image qui aident beaucoup à "y croire". Au même titre que son compagnon de jeu, Jonathan Pryce n'essaye pas d'être le cardinal Bergoglio. Il donne une interprétation vraie et incarnée de son personnage tel qu'il le ressent dans ses propos, son humilité, sa honte, ses émotions et ses convictions.


Il y a dans leurs jeux respectifs une véritable sincérité et on en oublierait presque que l’on a à faire à deux papes pour se laisser convaincre que l'on est simplement en train d’écouter deux amis se livrer l'un à l'autre avec autant de vérité que si les caméras n'existaient pas. Ces dernières sont pas ailleurs manipulée avec grande intelligence avec un cadrage au service des acteurs, de leurs émotions et de leur environnement habilement mis en valeur tout au long du film.


Au final, les personnages principaux de ce film ce ne sont pas Ratzinger et Bergoglio, Benoît XVI et François, mais c'est bien nous chrétiens, non chrétiens, pratiquants, non pratiquants, éloignés, proches, curieux, choqués, perdus, en quête de réponses. C’est notre discussion, notre débat, notre vision de l’Église dans tout ce qu’elle a de divisé et d’uni à la fois. Ce film, aussi beau soit-il, ne donne pas de réponse, il nous pose des questions.

EtienneCastelein
9

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Créée

le 23 déc. 2019

Critique lue 2.5K fois

39 j'aime

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