Passant par hasard sur Netflix, un matin de gueule de bois, j'ai pu voir Les Deux Papes de Fernando Meirelles. Surprenant film, beaucoup plus bavard et moins sombre que ce que Netflix nous avait habitué où l'on se concentre sur une rencontre entre Benoît XVI (Anthony Hopkins) et le cardinal Jorge Mario Bergoglio, futur pape François (Jonathan Pryce).
Le film se déroule en 2012. Le cardinal Bergoglio envoie des demandes pour rencontrer le pape afin de se retirer de l'Église catholique où il ne se sent plus à sa place. Simultanément, le pape invite son cardinal pour s'entretenir d'un sujet important : sa future renonciation. Tout semble opposer les deux hommes, et pourtant ils vont petit à petit s'unir par une amitié très chrétienne à travers une discussion sur leur vision de l'Église, sur leur amour de Dieu, et sur leur rôle de prêtre.
Le film est donc une sorte de long dialogue de deux heures. Deux heures durant lesquelles nous allons revenir sur l'élection de Benoît XVI en 2005, suite à la mort du pape Jean-Paul II, deux heures où nous présentons/rappelons le système papal. Deux heures où l'on évoquera aussi la jeunesse du futur pape François, ses zones d'ombres, ses hésitations.
Ce film est assez plaisant, car se voulant intelligent et propose donc quelque chose d'un peu supérieure à une vision trop simpliste des rapports humains. Pour autant, on regrettera que la production soit restée dans un domaine américain et qu'il n'ait pas été produit dans une volonté de cinéma d'auteurs français pour avoir plus de nuances. En effet, le film a construit ses personnages de manières très romancée. Le pape Benoît XVI est présenté de façon finalement très négative la plupart du temps. L'opposition Benoît XVI/François se fait sur une opposition théorie/pratique, oubliant totalement le long vécu pratique et concret de Benoît XVI, notamment sa volonté de transparence sur les affaires pédophiles où il est, dans ce film, accusé de l'inverse de ce qu'il fit. A l'inverse, le futur François est présenté comme bien plus ignorant qu'il n'est, comme un cardinal sympathique mais sans une énorme culture, ce qui est faux.
De même, le film abuse de moments très marqués et fictionnelle : le cardinal Bergoglio présenté comme un rival soudain que personne ne prévoyait en 2005 alors que son nom a largement été retenu à l'époque et qu'il était déjà identifié comme potentiel pape. La renonciation de Benoît XVI présenté comme une crise spirituelle avant tout (le fait de ne plus être guidé par le Saint-Esprit depuis 7 ans) et mettant de côté l'engagement de Benoît XVI depuis des années pour qu'un pape qui n'a plus les capacités physiques n'exercent plus. Bref, on simplifie ici le trait et on en fait ressortir quelque chose de faux.
On regrettera également le travail sur l'image qui peine à avoir un âme propre et n'ose jamais de réels plans contemplatifs. Par moment, on aurait l'impression que le film essaie cela mais c'est toujours vague et grossier. De plus, l'alternance caméra basse qualité de la foule et caméra du cinéma est mal géré et donne un sentiment de transition grossier.
Mais en même le film propose un moment intéressant, de réflexion. Un film qui prend son temps pour poser son message, quelque chose de bien amené par passage et de plaisant à regarder. Les deux papes n'est pas le grand film que sont sujet lui permettait d'être, il n'en est pas un mauvais film pour autant.