Les diables, hautains.
La vie est souvent curieuse. Comment expliquer que je trouve De Palma (sujet d’un de mes récents et habituels courroux) comme un auteur au mauvais goût assumé dans le plus pur esprit baroque...
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le 25 juin 2013
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"Les Diables" représente assez bien le potentiel créatif des années 70, déjà, en 1971. J'ai rarement vu ailleurs une telle folie artistique, un tel mélange de goûts douteux aussi bien maîtrisés, utilisés, et canalisés pour exploser ainsi à l'écran, dans une symphonie foutraque et baroque. Un film adoptant une perspective totalement surréaliste pour retracer les "fameux" événements des possédées de Loudun en 1634, une très sombre histoire mêlant pouvoirs politique et religieux, sorcellerie, torture, et autres exorcismes dans un déluge d'hystérie et de provocations en tous genres.
Sans être spécialiste de cette époque, on devine rapidement que Ken Russell a pris ses distances avec l'Histoire et la vérité terre-à-terre. On parle souvent de licence artistique quand cette déviation est effectuée dans le respect d'une certaine norme, dans les limites qu'impose le bon goût, ou alors de pamphlet abominable et gratuit méritant la censure dans le cas inverse. Ici, avec une telle absence de bonnes manières, on se trouve bien sûr dans le second cas de figure et on imagine aisément la furie qu'un tel film incendiaire a pu semer dans l'Angleterre des années 70 frémissantes et pas encore tout à fait dévergondées.
Ce qu'il y a de fascinant dans "The Devils", au-delà des aspects inhérents à la critique des dérives de la chose religieuse et de ses ramifications au sein des organes du pouvoir politique, c'est cette imagerie profondément surréaliste, onirique et donc prenant ses distances avec la vraisemblance communément acceptée, qui se dégage très vite, dès les premières images. Les premiers plans imposent à notre regard des cadavres d’hérétiques érigés au sommet de hauts piquets, et ces plans trouveront un écho parfait lors de la scène finale, une fois les murs de Loudun détruits, vision d'apocalypse rappelant le final de Spartacus avec le choc tétanisant des crucifixions. Puis viennent les décors prenants de la cité, à l’architecture étrange et pesante, dans laquelle un flot de perversités, de violences, et de sexualités contrariées se déversera très progressivement avant d'atteindre un climax difficilement oubliable.
Une imagerie délirante renforcée par une galerie de personnages incroyables, du Père Mignon au visage anguleux effrayant à l'immense Oliver Reed, en passant, bien sûr, par la possédée (aux sens propre et figuré) Vanessa Redgrave, les deux se rejoignant lors d'une séquence rêvée/hallucinée assez savoureuse. Les portraits de la noblesse (bassement cruelle) et des (guerres de) religions sont plus convenus, mais confèrent à l'ensemble un petit côté décalé, presque comique, très agréable. On sort de cet objet étrange avec une série de séquences insensées gravées dans la mémoire, partagées entre orgies et bûchers, sur les cendres desquels coulent le sang et les larmes des supplices.
[Avis brut #78]
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le 6 avr. 2016
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