Tout d'abord, une petite précision : les Dix commandements n'est pas à proprement parler un péplum, on le classe dans cette catégorie par facilité, mais c'est une fresque biblique, sous-genre rattaché au péplum et qui a eu quelques beaux spécimens comme le Roi des Rois, David et Bethsabée ou Samson et Dalilah...
Deux ans de préparation, 7 mois de tournage, 12 000 figurants, 100 000 accessoires, 15 000 animaux venus des 4 coins du monde, un scénario de 308 pages, 13 millions de dollars de budget, un casting "all stars" éclatant, avec un Yul Brynner impérial dans sa démarche de fier pharaon, une partition musicale sensationnelle qui donne un cachet unique, tournage en Egypte, des décors gigantesques... cette monumentale fresque biblique se mesure en termes de gigantisme, mais ne nous arrêtons pas à ces considérations techniques, il faut regarder ce film sous un angle artistique. 32 ans après une première version muette et en noir & blanc réalisée déjà par Cecil B. De Mille, cette production au Technicolor acidulé est le testament cinématographique de ce maître de la superproduction qui termine ainsi une carrière bien remplie, son film le plus faramineux, le plus prestigieux, le plus abouti, mais en même temps l'un des plus controversés sur le plan religieux. Basé pourtant sur d'importantes recherches historiques, le film traite l'histoire sainte et le destin de Moïse avec la désinvolture d'une adaptation qui réduit les textes sacrés à une sorte de livret d'opérette.
Tous les grands épisodes sont présents (le berceau d'osier flottant sur le Nil, le buisson ardent, les 10 plaies d'Egypte, le veau d'or, les tables de la loi, le franchissement de la mer Rouge...) en une suite de séquences spectaculaires et de morceaux de bravoure servis par des trucages assez grossiers pour l'époque, et dont le plus fameux est l'ouverture des eaux de la mer Rouge, sur une musique très mélodramatique d'Elmer Bernstein. Le style de De Mille qui aujourd'hui parait grandiloquent et un peu théâtral peut faire sourire, de même que sa lourdeur démonstrative peut lasser, enjôlée par la musique ronflante (mais superbe) de Bernstein à grands effets de cuivre et de cordes. Mais il reste que l'efficacité de ce grand monsieur, le soin apporté à la direction artistique, ainsi que le jeu des charismatiques Yul Brynner et Charlton Heston, contenteront quand même grandement les passionnés de grand spectacle kitsch ; les Dix commandements est un film légendaire et grandiose à la mesure du vieil Hollywood des années 50, plus de 3h30 d'un spectacle total !

Ugly

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