Pour aller à l'essentiel, Ken Loach reste dans ses préoccupations (le sort de la classe ouvrière face à l'establishment).
Pour autant, ses images et sa narration n'utilisent pas sa vigueur habituelle.
1. 1995 n'est pas si loin : les pratiques signalées dans le film semblent pourtant dater du XIXème siècle.
2. Le mal est partout, à commencer dans les dérives du capitalisme et de ses patrons voyous. Mais aussi dans les syndicats (TGWU) et hommes politiques de gauche (Blair en tête). Corruption, lâcheté, incompétence, déconnexion de la base ou autres priorités personnelles semblent s'entremêler... Non, 1995 n'est pas si loin...
3. Ken Loach capture des témoignages réels. Et pourtant si semblables à ses films habituels. Ce qui prouve - si besoin est - son talent de narrateur fictionnel de ce triste monde.
4. Le documentaire de 1997 ne livre pas l'issue du mouvement des dockers, il sera nécessaire de parcourir les revues de presse post 1998. Le choix semble volontaire puisqu'aucune annotation finale n'a depuis enrichi le documentaire.
Les 300 dockers ont acceptés en 1998 après plus de 2 ans de grève une indemnisation pour reprendre le travail.
5. Pour autant qu'il est intéressant, le film ne revêt pas l'âme des documentaires "coup de poing".
Engagé et subtile sans nul doute.
Mais la construction narrative est assez peu tranchante.
Par exemple, Ken Loach évoque les difficultés matérielles des grévistes qu'il n'hésite pas à montrer habituellement dans ses fictions. Ici, il les occulte, peut-être pour ne pas tomber dans le misérabilisme. Au risque de pêcher dans le témoignage par manque d'incarnation.
Bref, un documentaire honnête, dans lequel Ken Loach se met au 2nd plan.
Mais qui n'approfondit pas les positions des protagonistes.