Il faut tout de même saluer le courage de "La polizia ha le mani legate". Qui, à travers son histoire d'attentat dans un hôtel de Milan, s'inspire fortement du vrai attentat de la Piazza Fontana de 1969. Par ailleurs, le film est l'un des représentants du poliziottesco, dépeignant les années de plombs italiennes. Le ton est pessimiste, on ne peut réellement se fier à la police ou à la justice, à la fois incompétentes et infiltrées par des organisations secrètes.
Malheureusement, l'histoire n'est guère prenante. Le scénario reste flou sur beaucoup de choses : motivation et identité des antagonistes, personnalité des poseurs de bombe... Tandis que le déroulement de l'enquête n'a rien de palpitant. Le mystère et l'ambiguïté je veux bien, mais à un moment il faut quand même raconter une histoire !
Je soupçonne que les scénariste et réalisateur ont eu peur d'élaborer des théories sur les responsables de l'attentat de Piazza Fontana, qui n'ont jamais été formellement identifiés par la justice (l'extrême gauche et l'extrême droite furent soupçonnées). Et en 1975 c'était encore plus flou.
D'autant plus que l'ensemble est mou. Il y a quand même quelques très courtes scènes de fusillades correctes, dont une exécution sur fond d'oranges visiblement inspirée de "The Godfather"... mais nous faisant le coup prémonitoire du parapluie, 3 ans avant le célèbre et funeste parapluie bulgare !
Je note aussi çà et là des plans sympatoches jouant sur divers reflets, allusions aux lunettes du poseur de bombe qui jouent un rôle important dans l'intrigue. Claudio Cassineli est attachant en policier intellectuel qui apporte un peu d'humour (une prestation amusée similaire à "Morte sospetta di una minorenne", sorti la même année, avec également une histoire de lunettes !). Et la BO de Stelvio Cipriani est assez jolie.
Mais enfin, tout ceci reste faible. Je ne m'étonne pas que la carrière de réalisateur de Luciano Ercoli fut courte.