Qu'est-ce qui m'arrive en ce moment ? Quatre critiques en trois jours, c'est du jamais vu ! D'habitude je tourne à une tous les deux mois, max (dooouuucement, faut pas pousser). Est-ce une coïncidence qu'il y ait Lee Marvin dans trois de ces quatre films ?
Bon, vous connaissez tous l'histoire. Moi j'étais complètement passé à travers pendant "toutes" ces années. Je découvre, c'est chouette. Ça s'ouvre sur un soldat qu'on va pendre pour crime commis, puis on enchaîne par l'introduction des fameux douze (criminels choisis pour une mission suicide (à côté de Rennes !)), d'abord avec énumération des sentences individuelles ("Death by hanging! 20 years' hard labor! Death by hanging!" dans un des meilleurs génériques que j'ai vus, puis dans une succession de courtes discussions avec chacun, tout ça magnifiquement écrit ("You only made one mistake... You let him see you."), et avec une musique pimpante. On découvre toutes ces gueules (outre le commandant Marvin : John Cassavetes, Charles Bronson, Telly Savalas...) et on se dit que, pourvu que ce soit décemment écrit et mis en scène, on ne pourra pas vraiment manquer de passer un très bon moment.
Et c'est plutôt très bien écrit. Comme quoi on peut être le gros Bob et donner dans quelque chose qui se rapproche de la finesse (oui, pas totalement non plus, un peu de décence); c'est ciselé, croustillant. Les scènes cocasses s'enchaînent (j'adore celle ou le docteur tente de faire l'examen psychologique de Charles, avec la nouvelle méthode du "je te dis un mot, tu me dis le premier mot qui te passe par la tête").
On retrouve avec plaisir des habituées bobiens (outre Lee : Ernest Borgnine, Richard Jaeckel, George Kennedy, Ralph Meeker), tout le monde est au top, Marvin est délicieux (je n'avais qu'une hâte : qu'il se retrouve face à un Allemand qui voudrait absolument lui parler; ça ne dure pas longtemps mais je n'ai pas été déçu), Robert Ryan impeccable d'antipathie.
Alors comme d'habitude c'est sale, quoique presque propre à côté de certains (je ne sais pas, moi : "Attaque !"), n'empêche que ça les a bien choqués, à l'époque, quasiment tous les critiques; beaucoup furent très négatifs. Pourtant, comme d'habitude quand c'est fait intelligemment (donc pas trop comme chez, oh je ne sais pas, moi : Tarantino, qui s'est pas mal inspiré des 12 pour son "Inglorious Basterds") c'est bien, c'est vrai.
Bon, j'ai regretté quelques rares passages un peu trop bon enfant (vous savez, ces petits moments avec la petite musique marrante quand il vient d'y avoir un truc rigolo), deux, trois sourires un peu trop appuyés, mais tout cela s'envole vite devant la réussite formelle de l'ensemble, véritable modèle du genre.
Je ne sais pas trop pourquoi ce film me vient à l'esprit (Charles Bronson peut-être ? Ou parce que c'est un modèle aussi, dans un genre différent) mais c'est marrant de se dire qu'il n'y a que quatre ans d'écart entre "La grande évasion" (1963) et "Les douze salopards" (1967) : les deux sont bons, mais un monde les sépare.