C’est fou comme Les dragueurs, le tout premier film de Jean-Pierre Mocky, ressemble moins à un film de Mocky qu’à un Chabrol première période (Les cousins, Le beau Serge). Le film s’inscrit pile dans le courant de la Nouvelle Vague, aussi étrange que cela puisse paraître, tant Mocky se tint vite éloigné des « jeunes turcs ». C’est un film parisien et noctambule, qui comme son titre l’indique, suit des garçons qui draguent, avec plus ou moins de lourdeur (beaucoup plus que moins) et avec plus ou moins de réussite. C’est une histoire de rencontres avec entre autres, deux suédoises à Montmartre et une immersion dans une soirée mondaine à Passy. Charrier (qui vient de tourner chez Carné) & Aznavour (qui s’apprête à jouer chez Truffaut) seront les séducteurs en question, un peu pathétiques, un peu maladroits, le premier en quête d’idéal, le second un cœur à prendre. Mais le casting sera quasi essentiellement féminin, souvent des apparitions très brèves, dont on retiendra bien sûr Anouk Aimée ou Véronique Nordey. Mocky saisit quelque chose de la jeunesse du Paris d’après-guerre. Le film reste néanmoins assez antipathique, je trouve, au diapason de son duo de personnages masculins.