Un argument bien trop maigre et peu développé pour soutenir tout un film et donc vient l'ennui.

Ce premier long-métrage devrait être traité comme tel mais on ne peut s’empêcher de mettre en avant un facteur extérieur notable : le jeune réalisateur de ce film avait tout juste dix-huit ans au moment du tournage. De ce point de vue on serait tenté d’être plus tendre envers « Les drapeaux de papier » mais ce ne serait pas vraiment objectif. On aurait aimé adorer ce film comme on avait pu adorer le « J’ai tué ma mère » de Xavier Dolan qui était tout juste un peu plus vieux lorsqu’il a tourné son premier long-métrage. Malheureusement ce n’est pas le cas. Le film de Nathan Ambrosioni n’est pas un navet, il n’est pas déplaisant non plus, il déploie même quelques qualités mais il est loin d’être bon et il faut avouer qu’on s’y ennuie. Peut-être un manque de maturité, peut-être des choix artistiques discutables ou peut-être encore tout simplement un emballement général dû à l’âge du jeune cinéaste qui dans ce cas n’est pas tout à fait mérité.


Le problème majeur de ce petit film est sans conteste son script bien trop léger pour soutenir un long-métrage de plus de cent minutes. Pourtant, au début, l’histoire de ce frère qui sort de prison et va devoir réapprendre à vivre aux côtés de sa jeune sœur est plein de promesses. Les premières scènes sont touchantes et délicates et on s’attend à un film plein d’émotions. Et les acteurs sont vraiment au diapason. Le film ne peut qu’être redevable à Guillaume Gouix et Noémie Merlant qui l’ont embrassé de plein fouet avec leurs compositions fiévreuses et justes et qui se sont donné corps et âme pour le film d’un jeune homme certainement plein d’ambition. Mais le scénario fait vite du surplace et les scènes s’enchaînent sans qu’on y trouve un véritable intérêt. Plus les séquences passent et moins on s’y intéresse. De plus, si la réalisation est appliquée, elle contient beaucoup trop de tics inhérents aux premiers films et d’afféteries inutiles. Elle démontre néanmoins une maîtrise du cinéma prometteuse pour l’avenir.


Les liens familiaux sonnent vrais mais sont bien trop chargés en psychologie balourde. Et plus le film avance, plus on se sent étranger à l’émotion censée s’en dégager. Le propos bien trop simple proposé par « Les drapeaux de papier » et des nombreuses longueurs annihilent tout intérêt et nous font décrocher. Il y a une épure narrative qui est préjudiciable à la réussite du film. Et en dépit de la composition chevronnée des acteurs, certaines scènes sonnent même faux comme celle du restaurant où le personnage incarné par Gouix va faire un essai. Et enfin, si cette œuvre tente d’être lumineuse, elle nous apparaît surtout triste et décharnée et on sort de la salle morose et sans affects. Un comble !


Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.

JorikVesperhaven
4

Créée

le 12 juil. 2019

Critique lue 668 fois

5 j'aime

1 commentaire

Rémy Fiers

Écrit par

Critique lue 668 fois

5
1

D'autres avis sur Les Drapeaux de papier

Les Drapeaux de papier
seb2046
7

Fragile(s) comme du verre...

LES DRAPEAUX DE PAPIER (Nathan Ambrosioni, FRA, 2019, 102min) :Ce touchant drame familial dissèque avec sensibilité les liens du sang à travers la difficile réinsertion d'un jeune délinquant qui sort...

le 5 sept. 2023

8 j'aime

Les Drapeaux de papier
JorikVesperhaven
4

Un argument bien trop maigre et peu développé pour soutenir tout un film et donc vient l'ennui.

Ce premier long-métrage devrait être traité comme tel mais on ne peut s’empêcher de mettre en avant un facteur extérieur notable : le jeune réalisateur de ce film avait tout juste dix-huit ans au...

le 12 juil. 2019

5 j'aime

1

Les Drapeaux de papier
pilyen
9

Critique de Les Drapeaux de papier par pilyen

Réaliser un premier long-métrage à 19 ans laisse rêveur sur la détermination de Nathan Ambrosioni ( certains diront qu'il avait déjà du réseau... ce qui m'étonnerait quand on vit dans le sud de la...

le 13 févr. 2019

4 j'aime

Du même critique

Les Animaux fantastiques - Les Crimes de Grindelwald
JorikVesperhaven
5

Formellement irréprochable, une suite confuse qui nous perd à force de sous-intrigues inachevées.

Le premier épisode était une franchement bonne surprise qui étendait l’univers du sorcier à lunettes avec intelligence et de manière plutôt jubilatoire. Une espèce de grand huit plein de nouveautés,...

le 15 nov. 2018

93 j'aime

10

TÁR
JorikVesperhaven
4

Tartare d'auteur.

Si ce n’est une Cate Blanchett au-delà de toute critique et encore une fois impressionnante et monstrueuse de talent - en somme parfaite - c’est peu dire que ce film très attendu et prétendant à de...

le 27 oct. 2022

91 j'aime

12

First Man - Le Premier Homme sur la Lune
JorikVesperhaven
4

Chazelle se loupe avec cette évocation froide et ennuyeuse d'où ne surnage aucune émotion.

On se sent toujours un peu bête lorsqu’on fait partie des seuls à ne pas avoir aimé un film jugé à la quasi unanimité excellent voire proche du chef-d’œuvre, et cela par les critiques comme par une...

le 18 oct. 2018

81 j'aime

11