En juin 1940, après la débâcle, la France connaît un phénomène d’exode : paniquée, la population s’enfuit sur les routes. C’est ce à quoi procède Odile, jeune institutrice aussi belle que stricte en apparence (Mme Emmanuelle Béart), qui mène ses deux enfants à la baguette, alors que son mari est mort. Leur voiture tombe en panne, si bien que la petite famille se retrouve désemparée. Ils font la connaissance d’Yvan, un jeune adolescent, dont les parents viennent d’être tués. Il leur indique une grande demeure cachée dans le bois. Dans un premier temps, Odette refuse catégoriquement ce qu’elle considère comme une violation de domicile ; puis elle en vient à constater qu’elle est bien contrainte d’accepter. Par la suite, de manière aussi impromptue que précaire, cette petite compagnie reconstitue une forme de cellule familiale quasi-incestueuse, en raison de l’attirance réciproque entre Odile et Yvan.
L’urgence et la perte de tous moyens matériels contraint les esprits à s’adapter rapidement, quitte à ce que la situation provoque une confusion des sentiments qui s’entremêlent, à un rythme et dans des conditions de vie non maitrisées. Aussi, me semble-t-il fin qu’il parait réconfortant de lâcher prise, sans trop de risques ni d’amoralité, pour mieux faire face aux épreuves qui s’amoncellent dans un environnement hostile.
L’urgence perpétuelle d’un environnement hostile contraint à une concentration permanente. Par suite, il peut être compréhensible que s’abandonner devienne une envie, comme le désir instinctif de lâcher prise. C’est ce qui arrive à cette jeune institutrice veuve finissant par tomber dans les bras de cet adolescent orphelin, lui-même en mal d’affection. La situation ne reste évidemment pas à recommander, mais rentre dans une zone de tolérance, du fait de circonstances troublés amenant à une désorientation générale. La volonté de comprendre la détresse de l’autre pour mieux y parer, contribue également à ce pardon implicite.
Dramatique et sensible, ce film m’est apparu être mené avec finesse et empathie.