3,0 Publiée le 21 février 2024
Auteur du roman, adapté par Becker, "Le trou", José Giovanni réalise lui-même cette autre histoire de tunnel, celle authentique racontée par Albert Spaggiari où celui-ci et une douzaine de complices creusent un passage depuis les égouts jusqu'à la salle des coffres de la Société Générale de Nice.
Ce "casse du siècle" est relaté par Giovanni avec une certaine fantaisie, et les gangsters recrutés par Spaggiari font bientôt l'effet d'une bande de joyeux lurons dont l'activité, indépendamment du suspense qu'elle recouvre, prend une dimension plus ludique que délinquante. Ainsi, le spectateur, complice, se sent-il entrainé dans une fabuleuse course au trésor plutôt que dans un avatar du grand banditisme.
La percée du tunnel, après la navigation dans un dédale de voies d'égout, forme évidemment les séquences emblématiques du film, tandis que l'intrusion dans la banque est comme la récompense -pas moins morale, on le voit, mais on connait la complaisance du réalisateur pour le monde des voyous- d'un travail acharné. Pour un peu, on regretterait que l'équipe de Spaggiari n'ait pas disposé de plus de temps pour forcer tous les coffres!
L'esprit malicieux du film est également déterminé par la composition de Francis Huster dans le rôle du "cerveau" Spaggiari. Arsène Lupin plutôt que sinistre figure de la pègre, Spaggiari semble s'attacher à son oeuvre comme par défi. Son passé de soldat d'Indochine, de gangster et d'activiste de l'OAS n'est en tout cas pas évoqué par José Giovanni...