Des terres pauvres, un climat capricieux, une vie misérable pour ces paysans suédois souvent persécutés par l'Eglise luthérienne pour leur pratique bien souvent dissidente de la foi, au plus près des ses fondements (si je puis me permettre !). Le film se décompose en trois parties: réalité subie au pays natal du temps de la révolution industrielle (bien 20 années avant la grande vague migratoire débutant vers 1870), l'éprouvante traversée, la prospection vers les Grands Lacs.
La grande qualité du film est son réalisme historique pour décrire le contexte social conditionnant la migration (parent déjà sur place, démographie suédoise en forte hausse subie par les femmes, intolérance religieuse, activité agricole misérable, maltraitance de la main d'oeuvre...), et de mettre l'accent sur les rumeurs édulcorées de prodigalité fantastique parvenant du nouveau monde.
De belles séquences, surtout ces visages à bord observant sidérés l'approche des cotes américaines; la scène de détente sur des pelouses ensoleillées, à l'arrivée, où du lait est apporté aux enfants; le bain de foule accueillant les migrants sur le marché (avec déjà des signes de désillusion: clochard imbibé), la progression en bateau à aube avec ses escales (un esclave noir entravé bien loin de l'image idyllique véhiculée outre-atlantique, la hiérarchie par nature inégalitaire de la société avec ses bourgeois privilégiés), et l'initiative téméraire de Max von Sydow d'aller prospecter encore plus loin, au-delà des territoires acquis aux blancs, en vrai pionnier.
Le film fait un peu téléfilm de qualité, manque de souffle épique , est assez académique dans sa narration, reste assez superficiel sans suffisamment questionner les mentalités, c'est le reproche que je lui ferais.