Drôle de film que ce Les enfants de la ruche. Ce qui saute d’abord aux yeux est clairement négatif : la médiocre qualité de l’image, la syntaxe du film, totalement hachée, le montage négligé, le misérable scénario, la pauvreté des dialogues, les personnages (les enfants, vrais orphelins) au jeu limité, l’usage excessif de la musique, la simplicité affligeante du propos, la rhétorique moraliste.
Puis, au fur et à mesure, on distingue mieux la patte du cinéaste, Shimizu, ami intime de Uzu, et ces aspérités s’estompent : les fréquentes prises de vues de derrière des trains, des cages d’ascenseur, … et à hauteurs d’enfants, nous font allègrement participer à leur jeu de cache-cache ; cette obsession du mouvement, pas tellement visible à travers la mise en scène, mais plutôt à travers l’errance des personnages, portés continuellement d’un endroit à un autre, véritables sans domicile fixe, se déplaçant avec les petits pieds nus, à dos d’adultes ou dans la benne d’un camion.
Cependant, les personnages et leur vagabondage ne nous émeuvent guère pendant le film si bien que Shimizu doit employer les gros moyens vers la fin pour nous toucher (et ça marche !) : l’escalade de la montagne sur le dos du copain pour voir la mer, la mort d’un gosse de la bande et respectif enterrement puis la découverte de l’école dont ils rêvaient : réalisation d’un lieu où ils pourront enfin habiter et faire communauté (d’où les voix, nombreuses, de la chanson du film qui prend alors tout son sens).
Shimizu, réalisateur principalement de films muets, peine à mettre en image, à raconter une histoire, à faire parler ses personnages. En conséquence, le tout se révèle franchement ennuyeux et ce n’est qu’à la fin que les sentiments affleurent.