Lorsqu’on est encore trop petits, nos souvenirs sont des bribes et des images éparses, ainsi débute l’histoire.
Pourtant, chacun se souvient de ce paradis perdu, à jamais cristallisé sur du papier glacé ou dans les histoires où la raison l’emporte sur le cœur, où les mots viennent finalement déformer le sentiment pur d’un moment VÉCU.
Et certains souvenirs enfouis, loin de l’esprit et du cœur, vivent simplement en nous et il faut alors savoir s’ouvrir et les recueillir sans chercher à y mettre de mots pour leur redonner leur splendeur d’antan.
Jean Becker maîtrise avec une parfaite sensibilité, l’art de la nostalgie et l’accorde avec prouesse aux grands plaisirs de l’existence et non leurs contraires.
On ne peut pas peindre du blanc sur du blanc, du noir sur du noir. Chacun a besoin de l’autre pour se révéler, Garris ( Jacques Gamblin ) et Henri Pignol, dit Riton ( Jacques Vileret ) s’accordent autant qu’ils diffèrent.
Le marais est le point de rencontre des personnages de l’histoire, c’est un lieu de paix, qui a su échapper au temps et aux hommes et qui invite le spectateur à s’y plonger à son tour et à profiter de ce moment de répit, que nous oublions a force de grandir.
Nous plongeons dans l’univers du marais en apparence misérable, de vase et de boue qui se transforment alors en or grâce à deux fidèles compagnons, la pêche à la reinette, les cueillettes de muguets et les chants de mai, la brise de la forêt et les rayons du soleil, les rires des enfants, l’odeur des pommes de terre et le goût du vin et bien plus encore.
Et ces petits plaisir deviennent les plus grands, parce que la clé de votre bonheur, elle est juste là.
« il y a des moments dans la vie où l’on voudrait que rien ne change jamais plus »