Inévitablement, le visionnage des Enfants du temps souffre de la comparaison avec Your Name, le film qui a véritablement propulsé Makoto Shinkai sur la scène des réalisateurs de films d'animation reconnus à l'international. Shinkai s'essaye ici à un sujet plus sérieux, le dérèglement climatique, tout en conservant l'âme "drame romantique" qui fait le charme de chacun de ses films.


Malheureusement, l'aspect est maladroitement traité, simulant les catastrophes naturelles auxquelles notre monde est aujourd'hui confronté et leur donnant un aspect semi-spirituel, semi-réaliste que l'on a du mal à correctement saisir. Le storytelling lui-même est un peu trop linéaire, desservi par des personnages secondaires qui manquent de relief et une histoire globalement construite sur un faux rythme qui m'a personnellement gêné.


En revanche, l'animation de Shinkai atteint avec ce film de nouveaux sommets (même s'il manque à mon sens une scène "signature", comme le flashback hyper-coloré de Your Name), poussant toujours plus loin le détail dans les décors, mais abusant toutefois selon moi des techniques 3D, lors des scènes d'action en particulier. De manière générale, l'ambiance qui ressort du film est plutôt convaincante, avec un Tokyo en proie à une pluie perpétuelle et présenté sous un jour moins "lisse" qu'à l'accoutumée ; j'ai trouvé qu'il s'en dégageait une réelle poésie, chose pourtant difficile à faire ressentir dans un décor totalement urbain (la campagne, autre thème fétiche de Shinkai, est totalement absente de ce film). La musique s'accorde parfaitement aux différentes scènes, et c'est d'ailleurs grâce à un thème musical justement que l'acmé émotionnelle du film est atteinte ; le jeu sur les silences est également une réussite à plusieurs reprises durant l'histoire.


Plus généralement, le film est peut-être un peu moins facile à voir pour un spectateur occidental que ne l'était Your Name, la faute sans doute à des thématiques moins transcendantes que dans ce dernier : la fugue, le sacrifice, la désobéissance à l'ordre public... et à certains passages à mon sens trop "Japan-friendly" qui donnent aux Enfants du temps une allure "enfantine" dont Your Name avait pourtant réussi à se départir...


Cela n'empêche pas le film de nous faire ressentir de puissantes émotions, lors de scènes mémorables, en grande partie aidées par le fond sonore et musical il est vrai. On apprécie également le petit caméo issu du film précédent de Shinkai. Mais globalement, c'est une petite déception que Les Enfants du temps, du fait d'une histoire un peu trop convenue et d'un contexte pas suffisamment mis en tension au regard des problèmes qu'il soulève pour nous, spectateurs du XXIe siècle. Gentil mais couillon.

grantofficer
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le 19 janv. 2020

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