Les Enfants loups, Ame & Yuki par Coty
Vous l’aurez compris, cet animé japonais parle d’enfants-loups. Voilà qui met déjà dans l’ambiance. Il s’agit donc d’une histoire fantastique dans un monde tout à fait normal : le Japon actuel. Ce Japon n’abrite normalement plus aucun loup sauvage. Mais ce qu’on ignore, c’est qu’il existe encore quelques descendants d’hommes-loups. Et être homme-loup de nos jours, ce n’est vraiment pas facile. Et être une mère élevant seule ses deux enfants de nos jours, ce n’est vraiment pas facile. Alors être une mère élevant seule ses deux enfants-loups de nos jours, c’est vraiment compliqué ! Et là vous l’aurez compris. L’histoire est fantastique ET triste.
Le premier problème c’est que la tristesse de l’histoire n’atteint pas le spectateur. Impossible de compatir avec les personnages tant leurs réactions nous paraissent insensées… Et pourtant, je ne compte plus le nombre de films qui m’ont fait pleurer ! Je ne suis pas une âme insensible et froide. Mais là, rien. Le fils a failli se noyer et la mère a eu la plus grande peur de sa vie ? Mes yeux ne brillent même pas. Et ceci pour plusieurs causes.
La première cause, déjà mentionnée précédemment, est l’absence de logique dans le scénario et les réactions des personnages. Même en admettant que ces derniers sont Japonais, donc ne voient peut-être pas les choses de la même façon, il existe une logique humaine qui dépasse les frontières et les différences culturelles. Cette logique n’existe pas dans Les Enfants Loups. L’histoire en elle-même ne tient pas. Je ne parle pas de l’existence d’hommes-loups, non, tout film fantastique suppose de l’irréel. Mais je parle du reste. Exemple : une femme se roule dans la neige en plein hiver, simplement vêtue d’une chemise de nuit et y batifole toute la matinée. Conséquence : rien. Normal ? Non. Le film est bourré de faits et d’actions illogiques qui ne sont pas dus au fait qu’il est fantastique. On n’y croit pas, on ne s’attache pas aux personnages. On reste sceptique face à l’écran.
L’autre gros défaut des Enfants Loups réside dans l’animation. Les paysages sont magnifiques, splendides et d’une grande beauté. Mais les personnages sont fades, aux traits grossiers. L’apparence animale des hommes-loups est risible plutôt qu’impressionnante. Et les mouvements des corps sont très mal rendus. Pourtant l’animation japonaise a prouvé maintes fois qu’elle maîtrisait tout le processus de la mise en mouvement. Le studio Ghibli notamment a produit des merveilles d’animation, tant au point de vue du dessin que du mouvement. Les Enfants Loups ne se réclame pas de la catégorie des animés japonais faits dans la vitesse pour l’unique objectif commercial comme l’adaptation de mangas à succès. Mais sa qualité graphique est bien en-deçà de la catégorie des Miyazaki (Chihiro, Princesse Mononoké…) et Takahata (Le Tombeau des lucioles, Pompoko…) pour ne citer que les plus célèbres.
Et c’est là que je ne comprends pas l’avis général émis sur ce film. Une recherche sur Allociné m’apprend que le film est très bien noté tant par la presse que par les spectateurs. Pourquoi ? N’ont-ils pas vu ces chefs-d’œuvre de l’animation japonaise qui dépassent de loin cet animé ? Se sont-ils laissés enchanter par l’idée qu’il s’agit d’un animé japonais sur un thème qui se veut profond et touchant ?
J’ai demandé aux spectateurs présents à la séance des Enfants Loups, eux non plus n’avaient pas apprécié le film. Une petite fille de 8 ans a dit : « Mais elle est bête la mère, pourquoi elle a agi comme ça ? ». Un étudiant en animation 3D a ajouté : « Les arrière-plans étaient beaux, mais les mouvements des personnages étaient ratés ! ». Voilà qui résume bien le film.