Jamais louve ne fit d’agneaux ?
Mamoru Hosoda est une très agréable surprise, et se présente avec ce long métrage comme un concurrent sévère aux studios Ghibli. Hosada ayant été renvoyé desdit studio pour divergences artistiques, à deux doigts de réaliser "Le château ambulant". Si c'est ce qui lui a permis de réaliser "Les enfants loups", c'est tant mieux.
Les enfants loups, c'est l'histoire d'une femme, d'une mère, de Hana, qui après avoir fait la rencontre d'un bel homme-loup, donne naissance à deux enfants (mignons a croquer) ayant hérité de la "lupinité" de leur père, pouvant ainsi prendre la forme à loisir (ou non) d'un humain ou d'un loup. La difficulté d'élever seule des fauves en ville pousse Hana de s'installer à la campagne, où ces derniers n'auront plus a cacher leur identité, leur donnant la liberté de la choisir. Hana recevra l'aide dans sa quête d'indépendance d'un personnage, le vieux Narazaki, curieux sosie de Walt Kowalski, le personnage principal de "Gran Torino". S'il est moins étonnant de trouver du Myiazaki chez Hosada, un peu de Clint Eastwood ne laisse pas indifférent.
Techniquement, les enfants loups est simplement bluffant, hallucinant, parfois beau à en pleurer, d'une poésie touchante et délicate. Quelques incrustation numériques discrètes agrémentent de temps à autre l'image. La mise en scène est audacieuse et réussie. La musique quand à elle magnifie tous ces beaux moments de poésie, de joie et de mélancolie avec une bande son qui dépote. Un autre aspect appréciable est la maîtrise du temps de Hosoda qui nous offre une seconde "Traversée du temps" (Titre de son premier long métrage), avec une histoire qui s'étale sur plus de 12 ans sans utilisation du "X ans plus tard". Hosoda dompte le temps et le raconte.
Malgré des éléments de folklore évidents, Les enfants loups est un film profondément ancré dans la réalité, inspiré au réalisateur par un entourage qui commençait à devenir parent. Si ce n'est un hommage à la maternité et aux sacrifices qui l'accompagnent, avec Hana, mère à l'amour inconditionnel et d'une tendresse infinie pour ses loupiots, cet animé est une belle fable sur l'enfance, les relations familiales, la quête d'identité et dans une moindre mesure, sur la nature. Hosoda réussi une approche plus adulte que son homologue des studios Ghibli (attention, ce n'est pas une critique de Myiazaki, que j'aime beaucoup aussi). Hosoda couvre un spectre émotionnel très large au travers de ce long métrage où l'on passera sans s'en rendre compte du rire aux larmes (ne pas oublier les mouchoirs). Les enfants loups n'est pas moralisateur, ne sombre pas dans le pathos, c'est une (bonne grosse) tranche de vie qui fait plaisir, a voir d'urgence.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 10 Films