On m'en avait dit beaucoup de bien, et le fait est que "Les Enfants loups" est le superbe film que j'attendais et il a réussi à me surprendre : Je connaissais le pitch de base, j'avais vu l'affiche du coup, je m'attendais à un autre scénario que celui-là. SAUF QUE ça n'est pas un film occidental mais un film japonais et je me suis rappelé encore une fois pourquoi j'aimais ce cinéma japonais particulièrement.
Prenons, la même idée de base : "Une femme tombe amoureuse d'un homme-loup et doit élever, suite à la mort de son amoureux, deux enfants lycanthrophes qui ont la possibilité de se transformer en loup" et transposons-le dans un scénario occidental. Déjà, en occident, on aime l'unité de lieux et de personnages on aurait ciblé un personnage et une période précise : On serait peut-être resté sur la mère, en montrant son combat contre les services sociaux sadiques, voire pire, contre une multinationale ou un complexe militaro industriel trop-trop méchant qui cherche à lui voler ses enfants afin qu'ils servent de cobaye dans une expérience destinée à des fins belliqueuses (genre transformer des soldats en loup pour décupler leur agressivité ou un truc du genre...)
Ou bien, on aurait montré l'adolescence des deux enfants loups, le fait qu'ils se découvrent un super-pouvoir et la mère aurait joué un petit rôle dans tout ça. Si ça avait été un film américain, les enfants loups auraient découvert que leur pouvoir implique de grandes responsabilités et ils auraient finis par défendre les opprimés en restant humain le jour et loup la nuit. (Oui, je sature niveau super-héros en ce moment.) Si ça avait été un film français, on aurait eu des tonnes de gags sur le fait qu'ils ne s'empêchent pas de devenir des loups, sur des quiproquos rigolos et parfois un discours social. On aurait été dans un mauvais dessin animé japonais, ça aurait été le cas aussi (et il y aurait eu pas mal de fans services limite furry...)
Sauf qu'on est sur des gens qui sont fortement influencés par les studios Ghibli, mais aussi dans une moindre mesure par les films contemplatifs et la littérature de leur pays. Et donc, le créateur Mamoru Hosoda, décide d'avoir trois personnages principaux et de raconter la vie quotidienne et l'évolution de cette mère et de ses deux enfants-loups dans une maison perdue au milieu de la campagne. Comme ça, sans complexe militaro industriel, sans gentils à sauver, sans quiproquos tordus et sans nulles autres complications que des récoltes qui ont du mal à pousser, l'éducation de deux enfants lycanthrophe et leur évolution.
Et c'est génial !
On se sent tellement proches des personnages, de ce qu'ils vont devenir, de leur difficultés, de cette vie tellement particulière qui les attends. On s'attache à cette mère courage qui décide de protéger ses enfants coûte que coûte, avec le sourire, sans jamais les guider vers une voie toute tracée. Tour à tour mignonnes petites créatures, enfants turbulents, adolescents en recherche de soi, les enfants loups nous touchent et l'on observe leur évolutions dans la vie sans jamais trouver le temps long. La fin est un tire-larme qui touche d'autant plus juste qu'il est en adéquation complet avec l'évolution des personnages.
Ce film mérite sa réputation haut la main !