Basé sur des faits réels, survenus dans les montagnes du sud tunisien, Les enfants rouges est réalisé par Lotfi Achour qui jusqu'alors a surtout œuvré dans le monde du théâtre. Son film a d'ailleurs des allures de tragédie, dans ses premières minutes, mais son traitement l'emmène sur d'autres territoires, le plus souvent à hauteur d'enfant, vers le réalisme magique, quoique le terme ne recoupe qu'en partie la tonalité surnaturelle du film. Les paysages, eux, sont somptueux, idéaux pour un western, mais leur aspect idyllique est trompeur, puisque, dans la montagne, les mines sont nombreuses et les terroristes rôdent. Face à eux, les villageois sont démunis, isolés et ignorés des autorités. C'est ce que raconte en filigrane Les enfants rouges, dans lequel coule le sang de jeunes bergers, qui n'ont demandé rien d'autre qu'à vivre dans la dignité et à espérer en des lendemains pleins d'espérance, dans leur village ou ailleurs. L'on peut se sentir frustré devant un film qui n'affiche pas plus ardemment son caractère politique mais le choix de l'onirisme, de plus en plus présent dans le cinéma tunisien actuel, peut se défendre, à partir du moment où le message sur l'enfance assassinée passe sans l'ombre d'un doute