En adaptant Les enfants terribles de Jean Cocteau, Jean-Pierre Melville s'intéresse aux tumultueuses et difficiles relations entre un frère et une soeur possessive qui vont vite être livrés à eux-mêmes suite à la mort de leur mère.
On est encore loin du Melville qui brillera dans la suite de sa carrière, ici il en est à son second long-métrage et, apparemment, se cherche encore. Si le concept de base était plutôt intéressant, le metteur en scène de Bob le Flambeur ne se montre pas du tout inspiré, ne faisant ressortir aucune dimension et émotion des enjeux et protagonistes, bien au contraire même tant le film est lourd et bien souvent ennuyant. Il ne trouve jamais le bon équilibre dans les thèmes abordés (la jalousie, les êtres fragiles et abimés par la vie, la méchanceté, la manipulation...) ni le bon ton alors que l'atmosphère ambiguë qu'il commence à instaurer se perd assez vite en chemin.
Il évoque donc une relation complexe mais désservie par des péripéties souvent grossières, notamment lorsqu'il sous-entend la folie voire l'inceste, et surtout, de très mauvaises compositions d'acteurs où la caricature et le surjeu sont poussés à l'extrême, notamment pour Nicole Stephane, elle qui était convaincante dans un rôle muet dans le premier film de Melville. La narration aussi n'est guère convaincante, avec une voix-off un peu trop envahissante assurée par Jean Cocteau en personne. C'est vraiment dommage car le début était plutôt intéressant, tout comme certaines scènes qui montrent quand même le potentiel de l'ensemble, mais assez régulièrement plombé par des lourdeurs et longueurs.
Bref, pas besoin d'en dire plus, Les Enfants Terribles représente une immense déception où Melville ne se montre guère convaincant, ni inspiré, que ce soit dans sa mise en scène, l'étude de ses thématiques ou la direction d'acteur.