Les Enquêtes du département V : Dossier 64 par Bastien Rae

Depuis que j'ai vu le premier film de cette saga, je suis un vrai fan. Il y a quelque chose de mystique, de fabuleux, de viscéral qui ne se retrouve nul part ailleurs dans le policier moderne. En 4 films, cette saga a mis à terre la plupart des standards du genre policier et pour cause, les films sont tous de très haut niveau. Cela met en avant le fait que les productions américaines ou même française d'une certaine manière se foutent royalement de notre gueule: il est possible de faire des suites de qualité. Cette saga le démontre par A+B. Mais revenons plus en détails sur ce dernier volet.

Dossier 64 est probablement l'aboutissement de 10 ans de travail. C'est le film où la prise de risque est la plus forte et cela s'explique par le fait que toute l'équipe se connait parfaitement: le duo Assad/Carl est au sommet: entre complexité et décision difficile, leur relation est mise à rude épreuve. Mais, au-delà de cela, le film porte le sujet le plus sombre et le mieux traité de la saga. Même si le deuxième restera mon préféré, ce nouveau film est vraiment dérangeant, le sujet est un pan entier de l'histoire du Dannemark qui est méconnu. Le plus surprenant c'est que par le biais du film, des vieilles blessures sont rouvertes. On sent toute la renommée de l'auteur pour s'attaquer à un tel sujet (le livre est encore plus trash et critique ouvertement les expérimentations).

Le film pousse encore plus les limites du spectaculaire: les scènes d'action sont vraiment présentes dans le film et sont vraiment réussies. De plus, le film n'épargne pas ses personnages, ce que l'on pouvait déjà retrouver dans les autres films de la saga. A tout moment, on sent que les personnages peuvent mourir, il n'y a pas cet effet de protection, du héros invincible. Je pense que cela s'explique surtout par la différence de culture. L'expression de la violence est vraiment différente de la notre: chez nous, soit on fait dans la trash, dans l'hyper-violence, soit dans l’aseptisé. Ici, on a un équilibre entre la violence brute et la violence psychologique. Le film tend d'un côté ou de l'autre en fonction de ses besoins et cela est une vraie réussite. Le film ne cherche pas à en mettre plein la vue, il utilise la violence pour exprimer la tension et la pression qui pèse sur les épaules de l'équipe.

Le duo Nikolaj Lie Kaas/Fares Fares fonctionne toujours aussi bien et je pense que c'est en grande partie grâce à ce duo que cette saga a trouvé son public. Ils forment à eux deux le duo ultime de flics, progressant ensemble malgré leur différence de culture et de pensée. Ils ont tous les deux vraiment évolué au cours de la saga. C'est vraiment rare de voir une telle alchimie entre deux acteurs surtout dans ce genre de film. J'ai vraiment l'impression qu'ils jouent toujours juste.

Dossier 64 est le dernier film d'une saga bien trop sous-côté à mon goût. Ses films auraient mérité une exploitation en salle française car nous sommes friands du genre policier. Ce dernier film clôture parfaitement la saga et montre à quel point les pays scandinaves maîtrisent ce genre. Entre cette saga et la saga **Millénium, ils apparaissent au sommet de la qualité pour le genre en ce début de 21ème siècle. Brutale et prenant, ce film traite avec brio un sujet noir voir tabou au Danemark sans hésiter à bousculer le spectateur.**