J'avoue avoir un rapport très singulier avec cette saga. En effet, j'ai vu le 2e film à savoir Profanation avant d'avoir vu Miséricorde et je n'ai pas encore vu le volet Délivrance. Ce film, dernier volet dénote des films que j'ai vu. Pour la première fois, pas de titre mystérieux mais un titre bien réel : Dossier 64. Et ce n'est pas le seul atout du film qui est une conclusion surprenante.



Les héros clôturent l'enquête



Ce film comme son prédécesseur n'est pas réalisé par Mikkel Nørgaard, le réalisateur des 2 premiers volets ou Hans Petter Moland mais Christoffer Boe. Un réalisateur plutôt connu au Danemark qui avait déjà travaillé avec Nikolaj Lie Kaas. Au niveau de la réalisation, on est vraiment dans la droite lignée des précédents volets. Le film alliant à la fois les images du passé et du présent. Néanmoins, le film distille quelques fois des éléments qui reviendront plus tard dans le récit, lui permettant de temps à autres de sortir de sa zone de confort. Cela dit, il donne pas mal d'intensité dans la réalisation et l'impact des images fortes. Ok, les scènes d'actions sont classiques mais quand même efficaces. Comme pour les autres volets, le film privilégie l'enquête à l'action. Mais par dessus tout, ce sont les personnages et leurs exploitations qui sont la vraie force du film.



Carl & Assad, la séparation ?



On retrouve le tandem Carl Mørck et Assad joués par Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares. Un tandem dont la relation est maintenant sur le fil du rasoir. Assad d'ailleurs qui était au début de la saga un policier limite mis au placard est maintenant à un enquêteur qui a fait ses preuves et qui mérite une promotion , désirant quitter le Département V. Carl lui est comme à son habitude, un détective renfrogné et anti-conformiste. Cependant le départ d'Assad a fait qu'il est de plus en plus distant et que la relation entre eux en pâtit.


Rose (Johanne Louise Schmidt) gagne ici plus en importance et surtout devient bien plus un membre de l'équipe. Bien plus élément de stabilité du Département V, elle est devenue une enquêtrice chevronnée et qui sait se défendre, quitte à se mettre en danger.


Les autres membres de la police sont fonctionnels, mais on sent que l'enquête s'annonce bien plus difficile pour eux, au point que Carl prend les choses en main (sans se gêner).


On a aussi Nicolas Bros de Men & Chicken qui joue le rôle d'un informateur qui en sait trop


Les personnages du passé sont aussi bien traités. On a d'abord Net (Fanny Borneda et Birthe Neumann) qui est une fille internée contre son gré dans un hôpital psychiatrique particulier. Comme dans les précédents films, ce sont les personnages clefs de l'enquête qui sont centraux aux films. Et Net aura bien des ennuis : rejetée par son père (parce qu'elle était amoureuse et est tombée enceinte de son cousin), de ses codétenues, et elle subira bien pire dans cette hôpital.


Le Dr Curt Wad (Anders Hove et Elliott Crosset Hove) est un docteur respecté et ancien directeur de la maison pour femme où était enfermée et qui est très influent. Bien sûr, l'enquête tourne autour d'un meurtre macabre mais très rapidement il sera au banc des suspects.


Le film exploite aussi l'entourage d'Assad que je n'avais jamais vu exploité. Mais ça sera pour plus tard.



Un sujet énorme pour le final



De part son histoire, le film est bien écrit mais surtout en parfait décalage. Tout le film dénote sur les autres films. D'une part, si vous avez remarqué, la charte graphique de l'affiche est différente, tout comme le titre. Les 3 premiers avaient des titres assez abstraits : Miséricorde, Profanation et Délivrance. Ici , le titre est Dossier 64, qui est en faite le dossier de Net. Enfin, le film est bien plus inspiré de faits réels et bien plus personnel pour Assad. En effet, à partir d'un meurtre macabre, il met en lumière une pratique bien réelle qui avait eu lieu au Danemark et qui était vraiment dramatique : l'eugénisme.


En effet, des médecins dont le docteur Wad pratiquait de la stérilisation des femmes qu'ils considéraient comme déviants (lesbiennes, folles, rejetées de la vie) et cela depuis des années. Actuellement, ils continuent de la pratiquer sur des jeunes filles musulmanes qui tombent enceintes hors mariages et de fait ne peuvent pas dévoiler à leurs familles


Au niveau de la construction du récit, il arrive avec intelligence à placer divers éléments permettant de reconstituer toute l'affaire. Etant donné que la principale victime est censée être morte, on a un jeu de piste qui remonte à un complot bien organisée par des personnes influents. De plus, l'affaire devient de plus en plus personnelle dans l'équipe car les membres sont dans le récit de plus en plus visée, voire même frôlant la mort. Bref, le film est écrit exactement comme s'il était le dernier de la franchise, offrant une conclusion épique à la franchise qui a su s'arrêter alors qu'il restait encore 3 romans à adapter (Marco effekten, Den grænseløse, Selfies). Bref, une bonne conclusion bien construite.



Fin et commencement du phénomène danois



Les Enquêtes du Département V est une franchise d'enquête qui a su s'inspirer de plusieurs genres et notamment des Seven et Zodiac de David Fincher tout en se réinventant à chaque opus. Mais contrairement à Millenium écrit par le même scénariste, c'est une franchise qui n'a pas su se détacher de son aura danois. Dossier 64 est une conclusion à la hauteurs des précédents volets que je recommande, en V.OD malheureusement dans la mesure où le seul volet de la franchise à être sorti au cinéma (à savoir Profanation), n'a hélas pas su trouver son public (il reste quand même disponible sur Netflix). Du coup, si vous n'avez jamais entendu parler de la franchise foncez

Cosmic_M
8

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le 5 mars 2019

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Neo Cosmic

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