Mon addiction pour les polars (au cinéma) scandinaves ne date - évidemment - pas des médiocres adaptations cinématographiques ou télévisuelles de l'incontournable "Millenium", mais bien plutôt du double choc des séries "The Killing" et "The Bridge". Depuis, je cherche les mêmes sensations, ces sentiments de douloureuse fatalité, d'obsessions bornées, de brutalité absurde, le tout empaqueté dans la lumière blafarde d'un perpétuel hiver nordique. Et, ça, admettons-le, sans être un film génial, "Miséricorde" le fait plus plutôt bien : correctement filmé et dirigé, avec quelques beaux instants de sombre magie dans une ambiance morose d'éternel purgatoire, de vies gâchées et de désespoir qu'on tait, voici un thriller qui combine une déclinaison plaisante des clichés du genre (le flic obsessif et brutal, les deux partenaires que tout oppose mais qui se complètent bien, la réouverture d'affaires closes, etc.) et un beau sujet pas si habituel que ça (une vengeance terrible, plutôt originale, même si "Old Boy" avait déjà exploré un territoire similaire). "Miséricorde" n'est pas un très bon film, juste un polar honorable, devant lequel on passera une excellente soirée, pourvu qu'on soit, comme moi, sensible aux charmes austère d'un Danemark paraissant littéralement exsangue, épuisé. Ah, il paraît que le livre de Jussi Adler-Olsen est bien supérieur au film : il faudra donc aller voir... [Critique écrite en 2016]