Véritable succès au Danemark, Les Enquêtes du département V arrive maintenant en France où les deux opus sortent à quelques semaines d'intervalles, le premier directement en VOD et sa suite bénéficie d'une sortie cinéma. Après Miséricorde, une origin story pour le duo sous forme de polar classique et maîtrisé qui se montrait plus passionnant dans le parcours de la victime via d'astucieux flash-backs que dans son enquête policière au déroulement linéaire et prévisible. Néanmoins le film se montre efficace et sa suite reste sur le même filon, ce qui fait que la limite entre télévision et cinéma n'a jamais été aussi fine car ces films empruntent énormément au format télévisuelle ce qui en fond leurs faiblesses mais aussi leurs forces.


Scénarisé par Nikolaj Arcel, qui a déjà travaillé sur le Millenium de Oplev, le film se montrera la digne suite de son prédécesseur, quasiment rien ne change mis à part l'intrigue et les relations des personnages. Comme une série on reprend là où c'était arrêté le premier épisode et on continue à explorer la dynamique du duo qui ici vois l'arrivée d'une nouvelle secrétaire. Même si il n'est pas primordial d'avoir vu la première partie pour rentrer dans ce film, l'avoir vu reste un plus car de multiples références reviennent dans cette suite, ça va de la relation entre Carl et son fils jusqu'à un léger running gag sur le café qui ne peut être compris qu'en ayant vu le premier film. De plus cela permettra de mieux comprendre la psychologie des personnages et de connaitre leurs passés. C'est vraiment donc une série cinématographique que l'on suit, on est en terrain conquis et on suit l'ensemble comme on suivrait un épisode de série TV et d'ailleurs ici un troisième opus et déjà bel et bien prévu. Donc c'est une adaptation littéraire sous format télévisuelle que l'on nous offre et il n'y aura donc pas vraiment de cinéma là-dedans mais ce n'est pas pour autant que l'on n'est pas en face d'un produit de qualité. L'intrigue se montrera prévisible et convenue, ne misant que très peu sur le suspense pour se concentrer sur la psychologie et la dynamique des personnages. Pour le duo principal le plus gros du travail à été fait avec le premier film, se qui fait qu'ici ils seront en roue libre, ils font leur job point. C'est relativement dommage car on sera donc détaché d'eux surtout que leur psychologie n'a pas évolué depuis le premier film et l'ajout sympathique d'une secrétaire qui chamboule légèrement leur dynamique n'arrange pas grand chose et reste assez anecdotique. Ce qui se passera par contre du côté des tueurs se révélera plus intéressant, comme pour le premier film c'est vraiment les flash-backs qui donnent de la valeur au film et le sort de sa linéarité. Surtout que les tueurs que le film dépeint sont vraiment antipathiques et fascinants dans leurs psychologies, même si leurs identités sont révélées assez vite cassant le suspense cela permet de mieux les travaillés. Que ce soit la romance malsaine qui se noue en leur sein ou l'amitié qui les unis dans leurs complaisances et leurs dédain pour les autres où en riches pourris gâtés, ils se permettent de manipuler et martyriser le monde qui les entourent. C'est certes classique mais le traitement de tout ça est vraiment maîtrisé voire même habile lorsque l'on voit les répercutions de cette histoire dans le présent, la noirceur allant même plus loin que l'on pouvait le penser. C'est donc un récit classique mais efficace par son aspect morbide et sa noirceur qui ne recule devant rien et le film dans la dynamique de son duo se permet aussi quelques touches d'humours bienvenues.
Le casting est globalement très bon même si le côté taciturne de Nikolaj Lie Kaas peut vite agacer surtout qu'il ne change jamais d'expression faciale et qu'il accentue le côté très cliché de son rôle ce qui fait que son interprétation est en demi-teinte mais pour compenser Fares Fares est excellent, jouant avec justesse et apportant une pointe de décontraction assez bienvenue. Sinon pour les rôles secondaires Johan Philip Pilou Asbæk est excellent dans son rôle borderline où il oscille constamment entre le calme froid et calculateur et la pure folie à la fois brutale et cruelle tandis que Danica Curcic s'impose par son charme et son charisme dans un rôle à la fois bad ass et à fleur de peau.
Pour ce qui est de la réalisation, la photographie est excellent avec ses teintes très sombres qui imprègnent le film d'une atmosphère glaciale, le montage se montre maîtrisé dans les transitions présent-passé avec des flash-backs astucieusement placés et la musique se montre classique mais accompagne bien l'ambiance pesante du film. Par contre la mise en scène de Mikkel Nørgaard manque de force et de panache étant beaucoup trop télévisuelle pour le coup. Les mouvements de caméras sont réduits au minimum, altercations assez molles, manque d'inventivité visuelle et etc. Tout est absolument générique et nous laisse de marbre, même le final qui se veut un peu plus rythmé et tendu échoue à déclencher quoique ce soit surtout que celui-ci est bien trop didactique dans son exécution faisant même peine à voir. C'est relativement mou et cheap, ça n'a que pour but de filmer l'histoire et ça le fait efficacement dans la mesure où c'est un travail propre qui est offert mais ce n'est pas au niveau des thrillers du genre étant plus proche d'un épisode de Cold Case version longue.


En conclusion Les Enquêtes du département V : Profanation est un thriller efficace et divertissant qui s'impose grâce à quelques bonnes idées et un développement assez habile de la psychologie de certains personnages. Ce n'est pas parfait et l'ensemble se montre insignifiant mais ça se suit avec un certain plaisir et on n'est même curieux de voir ce que la suite pourrait donner. Car certes l'acteur principal peine parfois à convaincre, certes l'intrigue est classique, parfois clichée et trop linéaire et que la mise en scène manque de panache mais l'ensemble fonctionne et le seul gros reproche que l'on peut lui faire c'est que l'on est plus en face d'un téléfilm premium que d'un vrai film de cinéma.

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le 9 avr. 2015

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