Deuxième épisode de la série d'enquête d'Assad et Carl en terre Viking, ce Profanation est l'épisode qui m'avait donné envie de voir la série et m'avait fait tomber sur Les Enquêtes du département V : Miséricorde.


Musique pour lire.


Mikkel Nørgaard toujours aux commandes, ce Profanation s'annonçait au départ comme un très bon moment : on prend la même recette et on recommence. Une histoire de viols, un peu sordide, un frère mort, une sœur violée et tuée, un suspect qui a tout l'air d'avoir été payé pour porter le chapeau... et Carl qui envers et contre tous reprend l'affaire avec son acolyte et une nouvelle secrétaire. Manipulations, milieux d'argents et petits bourgeois qui se croient tout-puissants. Ça sent bon !
Même tronche de flic dur à cuire pour l'acteur Nikolaj Lie Kaas, avec moins de le alcool et un peu plus de le Lexomil
Même rôle de faire-valoir pour Fares Fares, même si le personnage est un peu plus mis en avant.
Même ambiance lourde, climat nordique à l'appui, visuel froid et travail sur les ombres qui donne un sympathique cachet à la photographie de la bobine.


Pourquoi une critique pour répéter ce que j'ai dit à propos du premier ? Aucun intérêt, je vais donc passer sur les points positifs qui sont nombreux et qui m'ont retenu de mettre un six.


Pour passer aux "moins", je tiens à noter tout d'abord le choix d'actrice assez discutable. Peccadille, me direz-vous ?
Eh bien non cher(s) lecteur(s) - un poil agaçant, par ailleurs - parce que quand tu passes une bonne partie du film à te dire que l'actrice adulte ne ressemble absolument pas à celle qui l'incarne étant enfant, ça empiète sur la vraisemblance de l'ensemble et tu sens rapidement le scepticisme te gagner. En effet, que ce soit au niveau du nez, de la mâchoire, de la morphologie ou bien du jeu, Danica Curcic et Sarah-Sofie Boussnina sont assez dissemblables.


Ergo, exit la crédibilité, on se plaît même à se rappeler que question casting, Cold Case avait très souvent le don pour rendre crédible le passage du temps en choisissant avec soin les acteurs qui incarnaient un seul et même personnage à deux étapes éloignées de sa vie.


Ça va, ça reste clair ?


Bon, second grief, et non des moindres, le rythme nom de Thor, quel est l'empaffé qui s'est chargé de monter tout ça comme ça pour caser le bouquin en une heure cinquante minutes, mmmh ?


Parce que quand on choisit d'adapter, forcément, on ne peut pas tout mettre, on fait des choix. Il manque des personnages, il manque quelques aspects de l'enquête et c'est normal. Mais tu gères tout ça, normalement.
Ici le rythme contraste avec la photographie, avec l'ambiance même de ce polar glacial en précipitant actions et conclusions, en donnant à l'ensemble comme un air de vite torché, pour pouvoir en caser le maximum ce qui à plusieurs reprises étonne et déroute le spectateur.
Cette précipitation se fait au détriment de petits à côtés, de développements psychologiques, de pauses, de temps de réflexion, allant jusqu'à minorer cet aspect essentiel du hard boiled, le moment où le flic se prend une violente claque dans la tronche, réalise que son monde est violent et va se dégrader dans un rade à coup de whisky avant de se dire que c'est lui qui va devoir être la lumière dans ces ténèbres.
Ici Carl aborde maladroitement la chose à un moment, mais c'est trop vite éludé.
Exit aussi les petits jeux malsains de nos criminels, on en voit pas la moitié. Exit aussi des explications sur la vie de Kimmie après les évènements. Tout est survolé, sous-traité pour ainsi dire.


Bon, je ne m’appesantirai pas outre mesure, le film est bon, mais je me demande si la lecture du polar papier ne serait pas plus indiquée (?) et j'espère qu'ils redresseront le tir pour le métrage suivant qui viendra à n'en pas douter. Une série de qualité, attention à ne pas tomber dans la caricature de l’œuvre papier ni à s'enfoncer dans les travers qui ont pu causer beaucoup de torts à d'autres séries de films adaptés de livre.

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le 24 oct. 2015

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Petitbarbu

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