Début des années 50, le cinéma américain ne part plus à la conquête de l'espace, c'est l'espace qui vient à lui à travers une multitude de films de science-fiction où les petits hommes verts débarquent sur Terre pour nous assouvir. Après le succès du Jour où la Terre s'arrêta et La Chose d'un autre monde, la couleur est omniprésente et les studios vont se battre pour dégommer le box-office. À l'annonce de l'adaptation de "La Guerre des Mondes" par les studios Paramount, celui de la Fox décide de couper l'herbe sous le pied à ses rivaux en se dépêchant de sortir LE premier film de SF en couleurs.
Pari réussi pour les producteurs Edward L. Alperson père et fils, qui parviennent à faire diffuser en salles ce Invaders from Mars seulement quatre mois avant le film de Byron Haskin. Mais est-il supérieur ? Pas vraiment. Avec un faible budget et pas vraiment d'autre ambition que de surfer sur la mouvance, le long-métrage narre comment un gamin, aidé par quelques adultes, va affronter une invasion extra-terrestre dans sa petite bourgade américaine. Petite touche d'originalité, les Martiens peuvent contrôler les humains et en faire des esclaves, une idée qui inspirera probablement Jack Finney pour son roman "L'Invasion des Profanateurs". Pour le reste, le film a sacrément mal vieilli...
Car si toute la première partie s'avère réussie, William Cameron Menzies (Le Rocher du Diable) réussissant haut la main à proposer un suspense maîtrisé et un ton plutôt agréable, la présentation de ces Martiens kitschissimes (des acteurs en collants verts) décrédibilise toute notion de sérieux et d'entrain. Le design de la tête pensante des envahisseurs, soigné et original, ainsi que l'interprétation convaincante du jeune Jimmy Hunt (Treize à la douzaine) ne sauveront hélas pas le film d'un sérieux manque de budget et d'une mise en scène assez pauvre niveaux effets spéciaux (l'intérêt primaire de la production). Reste un long-métrage fortement imparfait mais sympathiquement kitch, au final quoiqu'on en dise plutôt surprenant.