Les équilibristes appartient presque au genre de pellicule que je définirais sous une formulation qui sonne officielle mais qui me semble juste : Une expérience d'utilité publique.
C'est une démonstration implacable, presque scientifique, un manuel qui dissèque les étapes d'une sortie du rouage du rang social. La résultante d'un système sans dialogue, qui dans sa rare violence transforme ceux qui s'en écartent en miettes.
L'histoire d'un néo-libéralisme qui à mangé progressivement les dernières protections étatiques, prônant un individualisme de survie. Seul subsiste dans ce marasme ambiant, les éclaircis d'humanité et de solidarité tentant tant bien que mal de mettre des pansements sur la cicatrice béante d'un capital sans états d'âme.
Cette descente aux enfers, on la vit sous le prisme de Giulio incroyablement interprété par Valério Mastandrea qui est pour moi une nouvelle icône incontournable du cinéma Italien contemporain. Capable comme à la grande époque du néo-réalisme de faire vivre un rôle entre justesse émotionnelle et empathie naturelle dans la lignée de la grande Anna Magnani.
Giulio après son divorce, conséquence d'un adultère se retrouve sous l'incapacité avec son maigre salaire de fonctionnaire de joindre les deux bouts enterré sous les crédits, les frais quotidiens et la pension de ses enfants.
Sous la simplicité et l'efficacité d'une formule filmique hérité du documentaire Ivano De Matteo nous livre les événements d'une survie sans embellissements du réel; ni surenchère de pathos. C'est toute la réussite du long métrage : Démontrer l'impact émotionnel d'un chemin de vie dans son plus simple appareil, sous son apparence extérieure qui parait exit de souffrances.
Ceci-dit Les équilibristes est plus qu'un exercice de retranscription du réel et se veut cinématographique quand il s'agit de mettre en exergue le désespoir de Giulio et de sa famille à travers des plans symboliques fins et subtils. Un tour de force autour de la notion du dosage. Jamais faire dans l'excès, rester juste, parfois impassible.
Ce rendu réaliste ne juge que très peu ses personnages, ni son époque est une des raisons de son efficacités, des sentiments qu'il véhicule à son spectateur.
Il me donne bonne espoir d'une ouverture d'esprit, du moins d'être un outil de sensibilisation du chemin de croix, des oubliés, de ceux que le système enfoui dans un de ses tiroirs poussiéreux et qu'il nous pousse à ignorer voir à rejeter. La vielle commode sous l'illusion du statut social, elle nous est tous accessible, sous condition de rater les bonnes serrures.
Quand je parlais d'utilité publique, ce n'était pas du chiqué. Ayez une vue d'ensemble, du discernement et peut-être que ce jour là on pourra commencer à parler plus positivement de l'avenir.
Ce sont les enseignements que j'ai soutiré de la pellicule, une petite baffe dans mon quotidien en somme, maintenant à vous le tour...
[ Le titre est un clin d’œil à Virus ;-) // écrit dans un bar Montpelliérain pendant que les employés s'embrouillaient avec le patron. ]