Ach, Ich bin ein fantastïsch genie du mal !

Comme un apnéiste prenant sa respiration avant de plonger dans les profondeurs marines, je me suis longuement concentré avant d'appuyer sur le bouton play pour lancer ce film muet de Fritz Lang de 2h20 (!).
Je dois actuellement avoir un ratio d'une petite dizaine de films muets vus par millénaire...

Et finalement, ce film est assez réjouissant, même si c'est absolument n'importe quoi, absolument invraisemblable, charabiesque de bout en bout, et vraisemblablement précurseur de 1001 choses :

- On y trouve le sit-car d'Indiana Jones dans une séquence de "poursuite" dantesque
- On a le même train de la mort que dans Goldeneye
- On a la vue d'une voiture à la Gran Turismo, le cadreur, en plus de sa caméra, tient le capot d'une bagnole entre ses mains au premier plan pour simuler cet effet vue à la première personne, et court vers les passants pour faire croire que la bagnole va les écraser (Absolument hilarant).
- On a un super méchant, quasiment le portrait craché de tous les vilains contemporains du cinéma américain, je pense au joker de Nolan, le mec omniscient, surpuissant qui sait tout avant tout le monde et qui a des espions et des sbires cachés dans tous les recoins.
D'ailleurs le personnage m'a beaucoup rappelé "Zorg" du 5ème élément, mêmes mèches de cheveux absurdes sur les côtés du crâne, même bureau gigantesque où tous les méchants du film se réunissent pour comploter :
http://image.noelshack.com/fichiers/2013/24/1370959134-hagui-zorg.png

- On a même à la fin du usual suspect, avec un retournement de situation improbable où un personnage (je ne dis pas lequel pour ne pas spoiler), faisait semblant de cacher une infirmité, et révèle sa vraie nature de façon assez hilarante "AHAHAHAH JE PEUX MARCHER!!!!!! ET VOUS EMPORTEREZ CE SECRET DANS LA TOMBE"

- On a même du fight club, où à la toute toute fin, un personnage (je ne dis toujours pas lequel) parvient à se tirer une balle dans la tête et à continuer de discuter (bon là c'est une jolie parabole, sur l'univers du théâtre, et sur les faux semblants donc ça se tient).

Dans le fond donc c'est quand même super sympathique, malgré les incohérences gigantesques et des séquences absolument écrites n'importe comment :
326 (le 007 des années 20) est engagé pour démasquer le vilain qui vole plein de documents secrets et de traités internationaux.
Le vilain en question engage une super espionne chargée de se rapprocher de 326 et de lui sous-tirer un max d'infos.
Pour cela l'espionne retrouve l'hôtel de 326 (et encore c'est même pas son hôtel, vu qu'il se retrouve là absolument par hasard, en rentrant par la cheminée...), elle sort un flingue, elle tire sur un mec, là elle court vers 326 en lui disant "oh mon dieu j'ai tué quelqu'un, protégez-moi la police arrive", le mec sur qui elle a tiré, il avait un portefeuille qui le protégeait et donc il n'est pas mort.....

Toute cette manip pour que 326 s'attache à la nana et finisse par lui lâcher des infos... Là j'ai compris qu'il ne fallait pas attendre du film un quelconque sérieux, ou une quelconque crédibilité...

Sans parler de l''énorme confusion du récit avec des numéros de série récupérés on ne sait comment permettant de confondre le bandit, des trajets en train qui mènent on ne sait où, le côté hyper bordélique, et probablement trop ambitieux (là Lang a vraiment voulu tout caser). Et puis y a même un type qui fouine toujours dans le secteur, sans que je ne comprenne à quoi il serve, et j'ai mis environ 1h20 à piger qu'il était en réalité un éminent représentant japonais, car en fait c'est un acteur allemand qu'ils avaient grimé en asiatique en lui laquant les cheveux... Plus tard il se fera d'ailleurs Hara-kiri dans une scène très sympa.

Dans le fond c'est quand même très très chouette, mais c'est 10 fois trop long pour ce que ça raconte (mais apparemment c'est l'une des failles de Lang, il ne saurait pas faire court), et aussi la musique, on aurait cru du .midi, à un moment j'en pouvais plus, j'ai songé à la défenestration tant ma tête bourdonnait. Mais j'ai quand même bien rigolé et je ne regrette pas l'expérience.