Le bouleversement que provoque l'arrivée de cousins européens dans une famille américaine protestante et rigoureusement vertueuse n'alimente pas un vaudeville. C'est le moins qu'on puisse dire. Bien au contraire, l'opposition de moeurs ne se traduit que par l'esprit et le sentiment, se détourne de la démonstration schématique pour l'élégance du non-dit et elle introduit, malgré la constante et distante ironie de James Ivory, un marivaudage affecté.
La sensualité et la simplicité européennes éveillent dans les coeurs du nouveau continent des émotions trop longtemps contenues par une éducation austère et religieuse. Le récit s'attache tout au long du film à peindre ces presque imperceptibles transformations, découvertes sans éclat de l'amour et du désir. La mise en scène de James Ivory reproduit des émois un peu figés par la lenteur du mouvement et la douceur des expressions, du langage. Les couleurs automnales ajoutent encore au caractère élégiaque de l'histoire.
Mais il est vrai que l'étude de moeurs, pour élégante et juste qu'elle soit, manque peut-être de relief et semble parfois trop monocorde.