Lancer un film de Jesus Franco, c’est toujours une expérience surprenante. D’abord parce qu’il y a vraiment à boire et à manger dans son cinéma et ensuite parce qu’on est toujours à la limite. Quelle limite ? C’est bien ce qu’on va voir. Regardons donc ce qu’a à nous offrir cette production espagnole, française et portugaise aux titres multiples et aux montages alternatifs.
Comme chacun sait, le docteur Frankenstein a donné vie à une créature. Il est assassiné par le comte Cagliostro, sorcier légendaire et le monstre est volé par celui-ci. Cagliostro va tenter de trouver la compagne parfaite au monstre pour créer une nouvelle humanité. Pendant ce temps-là, la fille du docteur va vouloir venger son père.
A poil et à plumes, une espèce de femme oiseau dévêtue va nous accompagner pendant tout le film. On ne sait pas bien quel est son rôle mais elle est là. Contrairement au docteur Frankenstein qui ne mène d’ailleurs aucune expérience érotique. Non, les rites évoqués dans un titre alternatif sont surtout les actes de torture de Cagliostro, pas nécessairement érotiques du reste. Mine de rien, on vient là de cocher un certain nombre de cases du cinéma bis de l’époque. C’est le propre du cinéma d’exploitation que de flatter le spectateur dans ses bas instincts pour le pousser à franchir la porte du petit ciné crapoteux du coin pour in fine rentabiliser un investissement modeste. L’autre case qu’on cochera avec plaisir est celle des plans baroques. Franco use et abuse des filtres et se permet des compositions osées qui tapent vraiment à l’œil. C’est surprenant et plutôt chouette. A l’interprétation, rien a déclarer, la plupart des acteurs est en mort cérébrale et pour ce qui est des actrices, ce n’est pas leur talent qu’elles ont vocation à montrer (qu’elles ont peut-être au demeurant). L’intrigue n’a pas vraiment de sens et on peut imaginer que c’est pire encore dans la version espagnole charcutée pour plaire aux censeurs franquistes. On se félicitera aussi que le film n’ait pas été caviardé comme c’était la coutume alors.
Au final, un film court pendant lequel on ne s’ennuie pas, émerveillé par tant de délicieuses bisseries. A l’échelle du ciné de Franco, c’est assurément une réussite même s’il paraîtrait que de véritables pépites autrement plus qualitatives se cachent dans son interminable filmographie. On fouillera, à l’occasion. Par contre, je veux bien qu’on fasse subir les rites de Cagliostro au responsable de l’habillage sonore qui a foutu des hululements pendant TOUT le film.