D'abord une voix off d'actualités cinématographiques met en perspective via un flash back historique de 1940 (imminence des USA en guerre) à 1918, les années 20 qui vont voir éclore un âge d'or du gangstérisme à la faveur de la fameuse prohibition d'alcool qui durera 13 ans.
Ensuite un James Cagney comme presque poussé à la criminalité car vétéran laissé pour compte qui "rise and fall" avec son alcool frelaté.
A travers ces épisodes de mafia une histoire d'amour contrariée entre un Cagney courtisan un peu à l'ancienne d'une apprentie chanteuse Priscilla Lane qui lui préfère un avocaillon falot.
Ce sentimentalisme causera sa perte au moment où il redevient ce qu'il était c'est à dire un prolétaire.
Et les speakeasy dans tout ça?
C'est dans ces boîtes clandestines que l'on picole et s'amuse pour que ces années 20 soient fantastiques, source de revenus des gangsters et repaire de l'amusement éthylique.
Le film nous en remontre du speakeasy avec le personnage de Panama, une chanteuse vieillissante à qui on la fait pas, clairvoyante et solide qui vit à côté de Cagney dans une ambiguïté amoureuse qui donne des séquences intrigantes.
Elle assiste à l'entêtement de Cagney pour Priscilla alors que tous les signes sont négatifs et dans ces moments là Cagney prend la main de Panama tout en regardant son objet de désir ce qui ne laisse pas d'étonner Panama, compagne platonique qui tranche verbalement sur les milieux sociaux: parce que Priscilla a la même éducation que l'avocaillon elle ira avec lui et elle (comme Cagney) qui sort du même bas-fond l'accompagnera jusqu'à la fin.
Et cette fin prévisible d'un Cagney buveur de lait quand il était gangster ne peut qu'aboutir à l'alcoolisme au moment où il succombe.
Ce déterminisme social (on ne devient que ce que l'on est déjà) enrobé de morale hollywoodienne si artificiel soit-il est le propre du gangstérisme cinématographique dont le schéma est depuis toujours "l'avènement et la chute" que Walsh mènera de façon spectaculaire avec le même Cagney dans "l'Enfer est à lui".
Et comme pour le gangster au destin fatal, ces rugissantes Twenties se terminent sur l'effondrement de 29 et ramènent tout le monde à la raison, après l'euphorie la gueule de bois. Ce dénouement est traité à toute vitesse sans que l'on appréhende les raisons économiques de la chute et le maintien de Bogart (dans un second rôle) âme damnée de Cagney qui est lui-même une âme perdue.
Le film se regarde en 2018 avec beaucoup de plaisir, le tempo de Cagney donne l'énergie à la mise en scène qui, c'est un fait, est beaucoup plus précise dans les séquences dramatiques (les regards d'attirance, les tensions d'avant fusillade) qu'aux scènes d'action qui souffrent de notre modernité.

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le 30 avr. 2018

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