C'est Goya qu'on assassine !
La première réflexion qui vient à l’esprit quand on sort de la salle, est de se dire, « mais qu’est-ce que le réalisateur d’Amadeus, ou de Ragtime, pour reprendre deux de ses grandes fresques historiques, a cherché à faire ? ». La première demie heure s’affiche comme alléchante même si déjà confuse, et puis d’un coup, la rupture totale. Le film prend plusieurs directions sans vraiment s’attacher à une vraie histoire. Goya n’est qu’un prétexte scénaristique sans aucune consistance historique, et le récit entrecroisé d’Inès/Alicia et du frère Lorenzo manque de crédibilité et frise parfois la caricature, hélas dans le mauvais sens du terme. Certaines scènes en deviennent même grotesques, Nathalie Portman mastiquant son dentier par exemple. Du drame qu’à vécu à cette époque le peuple espagnol sous le joug des Français, est traité par Forman par-dessus la jambe, ça s’agite beaucoup certes, mais en vain. Seul le travail sur les costumes, sublime, évoque cette période trouble, largement inspirés des toiles du maître, on se met à imaginer ce qu’autant de minutie appliquée au reste du film aurait pu en donner. Hélas, on doit se contenter d’un gros machin difforme et ridicule, excepté sur une scène, inspirée celle-là, où l’on voit Goya œuvré dans le processus d’une estampe. Mais sur le coup, c’est trop peu !