Doté d'une réputation peu flatteuse, le dernier film en date signé Milos Forman fût au départ une agréable surprise. Evocation intelligente et inquiétante de l'Inquisition, personnages forts, intrigue ne manquant pas d'intensité... Malgré un aspect trop illustratif, « Les Fantômes de Goya » fait belle impression. Hélas, le réalisateur d' « Amadeus » opère un tournant en décidant de scinder son récit en deux, et il est peu dire que la seconde partie va s'avérer moins intéressante. Cela reste de la belle ouvrage, mais les héros sont moins crédibles et les situations parfois poussives, les événements quinze ans plus tard s'avérant nettement moins bien exploités que dans la première moitié.
Si bien que l'on suit cela d'un air nettement plus distrait, parfois touché, mais aussi frustré que le réalisateur tchèque n'aie pas réussi à donner plus d'ampleur à un projet aussi ambitieux que séduisant. Dommage, car l'interprétation ne manquait pas de brio (notamment Javier Bardem, immense), tandis que ces destins dérisoires, grotesques et pathétiques ne demandaient pas mieux qu'un Fellini des grands jours pour briller de mille feux... Honorable, mais beaucoup trop inégal pour un metteur en scène de la trempe du grand Milos.