Can You Ever Forgive Me ? s’interroge sur la valeur de la contrefaçon aussi bien sur le plan économique – peut-on vivre d’un commerce de faux documents ? – que sur le plan affectif. Car la mystification nous dit quelque chose des rapports humains qui se nouent et se dénouent dans l’espace urbain, vaste labyrinthe que l’héroïne apprivoise par la fréquentation exclusive de trois lieux : son domicile, le bar du coin, la librairie ; le nœud dramatique semble ici se dédoubler, un dandy homosexuel sur le déclin, une bouquiniste entre deux âges, tous deux en mal d’amour. Le faux leur permet une rencontre, un dîner, un échange de regards qui feront dire à Lee Israel, sur le banc des accusés, combien elle apprécia cette période. Le mensonge l’a rendue vivante. L’a raccordée avec sa vraie nature d'écrivain, affranchie de son rapport complexé et stérile au modèle. Pour incarner Israel, une Melissa McCarthy impeccable, à la fois drôle, émouvante et passionnante à suivre, dans un film qui se laisse regarder avec plaisir.