Les faussaires de Manhattan nous rappelle que sans mise en scène digne de ce nom tout scénario, aussi brillant fût-il, aboutit le plus souvent à un résultat mitigé. Qui plus est, dans le cas du film de Marienne Heller, dont le titre français est un leurre (il n'y a qu'une faussaire en l'occurrence), le scénario est relativement terne, eu égard à l'histoire réelle de cette écrivaine devenue experte en confection de fausses lettres de célébrités. Outre le fait que les noms de Noël Coward ou de Dorothy Parker ne parlent pas nécessairement à tous, Les faussaires de Manhattan s'englue dans la grisaille au fil de péripéties mollement racontées qui ne donnent qu'une idée imprécise du monde des collectionneurs, d'une part, et de celui du microcosme littéraire new-yorkais des années 90, d'autre part. Difficile d'éprouver de la sympathie pour le personnage de Lee Israel, pourtant admirablement campée par Melissa Mc Carthy, sorte de Columbo au féminin, pour l'allure s'entend, dont l'humour est rarement mis en avant, alors que c'est son principal attrait. Peu d'émotion (la plus grande est pour la mort du chat), guère de suspense et une réalisation d'une grande fadeur : il y avait sans doute moyen, à partir d'un matériau de base pourtant intéressant, de faire largement mieux. Dans ce triste tableau, Richard E. Grant apporte heureusement un peu de vie, de par sa flamboyance et son élégance fin de règne.