Face à la mère...
LES FILLES D'AVRIL (13,3) (Michel Franco, MEX, 2017, 103min) : Cet austère drame psychologique manipulateur narre l'histoire de Valeria, jeune femme enceinte de17 ans vivant avec son amant et sa sœur...
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le 3 août 2017
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Michel Franco passe maître dans l'art du malaise avec Les filles d'avril, quand la perfidie œdipienne d'une mère devenue un peu trop envahissante ruine la vie de ses filles. Un drame familial aux relents de thriller qui confirme le talent du cinéaste pour filmer l'abjection.
Valeria, qui vit avec sa sœur, est enceinte à seulement 17 ans. Son petit ami Mateo tente de joindre les deux bouts en attendant l'arrivée de l'enfant. Lorsque celui-ci naît, c'est un tel bouleversement pour la jeune maman qu'elle finit par appeler sa propre mère Avril à la rescousse.
Devant ce démarrage un peu trop sage, nous relâchons notre vigilance... et ne devrions pas, à l'image du jeune couple. Ce n'est qu'après une bonne demi-heure à poser le contexte d'un quotidien paisible que Michel Franco commence à distiller son venin. Insidieuse, au travers de paroles, de gestes, l'horreur psychologique s'installe graduellement. Un processus n'est pas sans rappeler la descente aux enfers d'une adolescente harcelée dans Después de Lucia, œuvre la plus impitoyable du cinéaste.
Si le début peine à nous faire ressentir l'empathie pour un personnage en particulier, nous savons ensuite parfaitement où Michel Franco souhaite nous emmener, et qui il veut nous faire détester. Portée par l'écriture de son odieux personnage, Emma Suárez nous révulse peu à peu en adolescente attardée confrontée à sa propre peur de vieillir, et prête à franchir un sacré paquet de tabous sociétaux pour oublier sa crise de la quarantaine. Tissant sa toile de perversité, elle incarne en quelque sorte le revers sombre du chaleureux Fortunata, autre film en sélection Un Certain regard la même année. Michel Franco n'a pas le monopole du malaise mais sait certainement le déployer sans effort ni effet superflu, avant de nous offrir des dénouements férocement jouissifs.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Vus au 70è Festival de Cannes (2017)
Créée
le 29 mai 2017
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